Il m’arrive régulièrement de partager plus ou moins volontairement, au gré de mes activités sociales (oh wait), sportives ou ripaillesques, quelques heures en compagnie d’individus plus ou moins (bien) (mal) choisis.
Le plus souvent, il ne se passe tellement rien d’anormal qui me fasse lever un sourcil (le droit, tu sais, toujours). Et puis parfois, le vin aidant, ou même pas, les langues se délient et mes sourcils entament la danse de Saint-Gui et je croiserais un miroir en cet instant qu’il me demanderait à coup sûr pourquoi je fais une tronche pareille, oh eh, c’est pour rire.
Eh bien, faut croire que je m’aigris, les copains. Que je ris de moins en moins de tout, et de moins en moins avec n’importe qui.
Parce que moi, les blagues avilissantes, qu’elles soient racistes ou profondément sexistes, ça ne me fait plus rire. Si les premières me voient passer en mode hashtag malaise, parce qu’après tout, je ne cautionne pas, comme on dit dans la bloguerie mode intelligente (ha), mais je ne suis pas directement concernée, (mes origines nordiques ne m’ayant pas donné le teint mat propice aux invectives idiotes, je passe souvent inaperçue), les secondes quant à elles commencent par énerver, et finissent par me dégoûter pour de bon.
Quand on aura fini d’entendre ces messieurs exiger, exhiber leur dû conjugal * (obtenu ou non) avec force détails salaces et rires gras associés…
Quand on aura fini d’entendre ces messieurs dire aux filles „t’es bonne à marier“ quand elles filent un coup de main à la vaisselle ou qu’elles ont apporté un superbe gâteau au chocolat…
Quand on aura fini d’entendre ces messieurs presser une très jolie et très jeune fille d’aller courir nue dans la forêt ( ?) et parler de « viol consenti » (les guillemets pour souligner l’oxymore) collectif…
Quand on aura fini d’entendre ces messieurs user de qualificatifs infâmants, dégradants, comparant leurs –somme toute- compagnes de jeux à des animaux, ou les réduisant au rang d’objets…
Quand on aura fini d’entendre ces messieurs raconter leurs blagues éculées et tout aussi navrantes qu’inappropriées au jeune public qui gravite par là, donnant ainsi à penser que ce genre de discours est banal, voire normal…
…alors le féminisme pourra baisser la garde et reposer en paix. Moi, j’ai plus envie de jouer, ni de rire. Y a du boulot, les gars, on est encore très loin du but.
C’est fermé.
*on leur rappellera que ce sont ceux qui en parlent le plus qui en mangent le moins, comme les frites Mc Cain