Magazine Culture

Ennemies Potiches n°1

Publié le 17 juin 2013 par Gjouin @GilbertJouin
Ennemies Potiches n°1Le Grand Point Virgule8bis, rue de l’Arrivée75015 ParisTel : 01 42 78 67 03Métro : Montparnasse
Une comédie de Karine DubernetMise en scène par Olivier SolivérèsAvec Karine Dubernet (Nina), Ingrid Mareski (Janis), Constance Carrelet ou Justine Rémy (Edith)Musique de Just 1 GuyDécor de Juliette Azzopardi
L’histoire : Janis et Nina, colocataires et amies depuis bientôt dix ans, voient leurs habitudes bouleversées par l’arrivée de la petite sœur de Nina. Leurs petites vies sans histoires auraient pu continuer leur cours, mais le sort va s’acharner sur nos trois héroïnes et les entraîner dans un tourbillon de catastrophes…
Mon avis : Si voulez rire sans retenue avec, toutefois, quelques petites pointes d’émotion, coure voir Ennemies Potiches n°1. C’est une comédie qui tient vraiment la route tout en s’offrant de superbes dérapages remarquablement contrôlés.En fait, j’ai vu eux pièces en une. La première concerne les trois premiers tableaux. La seconde le quatrième et le cinquième. La première est une comédie de mœurs qui, au-delà d’un humour permanent, laisse joliment filtrer les sentiments. La seconde, en rupture totale, se métamorphose en une irrésistible farce burlesque et cartoonesque.
Ennemies Potiches n°1C’est là que réside le talent de son auteure, Karine Dubernet. D’abord, elle a remarquablement su camper les caractères des trois jeunes femmes. La psychologie de chaque personnage est très précisément définie. Ce qui nous permet souvent d’anticiper sur les réactions et sur les comportements. Nina fait preuve d’une folle énergie qui cache en réalité son hyper-fragilité. Elle est bougonne, acariâtre, à fleur de peau, de mauvaise foi, mais son gros cœur tendre a toujours le dernier mot… Janis, c’est l’archétype de la bonne copine. C’est une brave fille toute simple, fleur bleue, généreuse, spontanée, terriblement gaffeuse. Etant en plus franchement jolie, elle a tout pour être une victime - particulièrement de la part de la gent masculine – mais sa bonne humeur et son insouciance chroniques font qu’elle n’en souffre jamais plus de dix secondes… Quant à Edith, la sœur de Nina, outre d’être une « Goldmaniaque » invétérée, elle est plutôt capricieuse, égocentrique, calculatrice ; des attitudes qui découlent en fait de ce que cette espèce de flamant rose mazouté est un peu paumé… En tout cas, elles ont toutes les trois un sacré besoin d’amour.
Ennemies Potiches n°1Forte de caractères aussi bien dessinés, Karine a pu s’amuser à leur trousser des dialogues ciselés. C’est acide à souhait, percutant, vachard. Nos trois donzelles ne se font pas de cadeau, elles ne mâchent pas leurs mots et, en même temps, on sent qu’il y a énormément de tendresse entre elles. C’est parfois dur, méchant même, mais l’affectif est tout le temps prêt à surgir pour apaiser les heurts. Et, bien sûr, tous ces échanges se passent à un rythme effréné.
Pour incarner ces trois filles si parfaitement profilées, il faut savoir tout jouer et être particulièrement en forme physiquement. Cette pièce est très exigeante avec ses comédiennes. Toutes les trois sont impeccables. Karine Dubernet, véritable boule de vitalité, possède tout l’éventail de l’humour, jusqu’à ses silences, habillés par d’irrésistibles mimiques. Ingrid Mareski a bien du talent pour donner vie à cette adorable nunuche qu’est Janis. Et Constance Carrelet joue avec une telle conviction qu’elle apporte à son personnage une totale crédibilité.
Ennemies Potiches n°1Et puis il y a la partie où Karine Dubernet lâche la bride. Foulant le ridicule d’un pied alerte, elle entraîne ses partenaires dans un pur moment de folie. Les répétitions du braquage déchaînent les rires dans la salle. Il faut dire qu’elles y vont à fond. Le contraste entre les accoutrements de Janis et de Nina a plus de sens qu’il n’en a l’air. Il leur donne paradoxalement encore plus de consistance.
Pour légère et survoltée qu’elle soit, cette pièce est riche d’une vraie profondeur humaine. On s’attache très vite à ces trois filles et on les aime. Ce sont trois potiches dont on s’entiche. Si bien que l’on repart du Grand Point Virgule avec une seule envie ; retrouver ces trois jeunes femmes dans de nouvelles aventures…

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Gjouin 18712 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte