Bras armé d'une stratégie volontariste, les "Capital One Labs" sont le berceau d'une multitude d'initiatives au sein de l'établissement, pilotées par une équipe de véritables entrepreneurs en résidence : collaboration avec des partenaires, hackathons, projets en mode startup... et plate-forme d'APIs ouvertes.
Cette dernière attire nécessairement l'attention, tant ce type d'approche reste rare aujourd'hui dans les banques, les principaux cas connus à ce jour étant le Crédit Agricole et Axa Banque. Dans le cas de Capital One, cependant, les cibles choisies sont totalement différentes de celle des exemples précédents, et ouvrent des perspectives sur des modèles jusqu'alors jamais envisagés.
Ainsi, il n'est pas question ici de fournir aux développeurs d'applications (hors de l'entreprise) un accès sécurisé aux comptes des clients de l'établissement, comme le proposent les deux banques françaises. De manière finalement beaucoup plus intéressée, ce que Capital One met à leur disposition, ce sont les services liés à ses offres marketing : son moteur de ciblage et le paiement par "points".
Le premier devrait permettre d'intégrer les promotions personnalisées de Capital One dans les sites web, les applications mobiles ou même les boutiques physiques de partenaires. La banque y trouvera une opportunité de démultiplier l'exposition de ses 60 millions de clients à ses offres, ajustées en fonction de leur profil et de leurs habitudes d'achats. En contrepartie, un programme d'affiliation rémunérera les utilisateurs de l'API.
Le second service propose aux commerçants d'accepter les paiements via les "points" ou les "miles" accumulés par les clients de la banque au fur et à mesure de l'utilisation de leur carte de crédit. Là encore, les avantages sont partagés, d'un côté par l'extension de l'acceptation de ces "primes" et, de l'autre, par la possible augmentation de pouvoir d'achat ainsi apportée. De plus, les commerçants pourront également intégrer leur propre programme de fidélité dans le système.
L'initiative de Capital One est exemplaire à plus d'un titre, en esquissant les bénéfices qui pourraient être tirés d'une ouverture sur les développeurs externes dans un domaine qui ne s'y prêtait peut-être pas à première vue (et il en existe certainement d'autres à découvrir), tout en laissant entrevoir un potentiel pour des institutions financières peu rassurées à l'idée exposer des données extrêmement sensibles (celles des comptes de leurs clients).
Enfin, il faudra surtout apprécier l'attention portée par la banque à la proposition de valeur offerte à toutes les parties prenantes, indispensable pour convaincre les candidats à l'aventure et trop souvent négligée dans les opérations de ce genre...