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Klangkarrussel live @ Palais des Sports (Lyon)

Publié le 16 juin 2013 par Wtfru @romain_wtfru

C’était une de ces soirées où l’on regrette amèrement d’avoir, un jour, eu l’idée de sortir sa carte bleue de son porte-monnaie, d’avoir rempli les petites cases du portail de paiement par Internet avec les petits chiffres inscrits sur cette petite carte bleue et d’avoir cliqué sur « accepter » lorsque le petit portail en question nous demandait si les petits chiffres présents sur notre petit compte en banque pouvaient devenir encore plus petits de vingt euros. C’était une de ces soirées où tout était petit. C’était une de ces soirées où Klangkarrussel était vraiment petit.

Klangkarussell

On oubliera tous les petits détails qui ont fait de cette soirée un véritable fiasco. On omettra par exemple de mentionner la salle surdimensionnée pour un événement de cette (maigre) ampleur. On passera outre la première partie et ce DJ local, Miimo, qui a certainement passé plus de temps à osciller d’avant en arrière en appuyant sur les quelques boutons lumineux de ses platines et à se masturber en croyant balancer ce qu’il devait considérer comme de la House qu’à être un « vrai » DJ. On taira le parterre à moitié vide de gosses qui s’étaient vraisemblablement lancés dans le concours de celui-qui-roule-le-plus-de-galoches-au-plus-grand-nombre-de-filles-prépubères-a-gagné. On pardonnera également le duo autrichien, groupe star de la soirée, de n’avoir été qu’un solo à Lyon (l’autre moitié était-elle trop fatigué ?).

Toutes ces petites imperfections auraient pu être amplement minimisées si Klangkarrussel avait offert un show digne de ce nom. Les Sonnentanz et autres Sternenkinder résonnaient pourtant déjà bien avant d’entrer dans ce Palais des Sports de Lyon, dans la tête de tout un chacun. On avait hâte de se déchainer sur les modulations frénétiques et parfaitement orchestrées venues tout droit de Salzbourg, de sentir le vent amical de l’été souffler sur nos visages le temps d’un Eistee aus der Dose bien frais, d’aimer notre prochain sur Netzwerk, au rythme des paroles de celui qu’on imagine être un vieux papou philosophe exilé aux Etats-Unis ; de se rebeller contre la société à l’ombre d’un We Want Your Soul servi avec des glaçons. Les glaçons étaient bien là, certes, mais la douche qui les accompagnaient aussi.

Devant un parterre d’hormones bouillonnantes, Tobias Rieser, casquette vissée sur la tête et T-shirt col-en-V vissé sur les poils, nous a servi un des plus mauvais DJ set de la décennie. Transitions bâclées, line-up mollassonne et tellement désorganisée qu’au beau milieu du Live tous nos amis prépubères se sont mis à discuter de leur épreuve de philo de lundi et, cerise sur le gâteau, un remix de Get Lucky des Daft Punk qui se place en bonne position au classement des pires choses qu’il soit arrivé à l’humanité – après la Shoah et Nabilla. On te l’avoue, Klangka, on est parti avant la fin, exaspérés par les sauts de singe incessant de nos semblables et par les gesticulations de Miimo – qui décidemment se tenait à se montrer –, debout sur les platines, au final approchant du DJ set.

On te l’avoue aussi, Klangka, l’été aura une autre saveur sans ton nom dans les écouteurs, mon petit autrichien, c’est certain. Tu étais le symbole de cette nouvelle vague de l’électronique, qui ressassait l’écume saxophonique des jours, à te battre à qui creusera le premier sillon avec Bakermat et les autres Klingande. Aujourd’hui, on peut affirmer : l’écume, même saxophonique, creuse la roche sur laquelle elle effectue son ressac. Et à force, ça (s’)use.


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