Le gouvernement travaille actuellement à une réforme des retraites. Alors qu’on envisageait aligner le calcul de la retraite du public, sur la moyenne des six derniers mois, sur celle du privé, sur la moyenne des vingt-cinq meilleures années, j’ai entendu à plusieurs reprises dire que l’économie serait minime.
La première remarque que je fais c’est que, si une telle modification ne servirait pas à grand-chose, pourquoi alors il y a quelques années s’est on mis à prendre en compte, pour le privé, les vingt-cinq meilleures années au lieu des dix meilleures considérées précédemment ?
La deuxième remarque est qu’il me semble, bien que ne disposant pas de toutes les statistiques et tous les ordinateurs de nos dirigeants, que cette affirmation est, dans le meilleur des cas, erronée ou, bien plus vraisemblablement, un mensonge éhonté. Je vais tenter de vous le démontrer ici et j’accueillerai naturellement avec humilité toute démonstration contraire.
Comme on nous serine à longueur d’exercices que l’augmentation des salaires préserve le pouvoir d’achat, je fais l’hypothèse, manifestant inférieure à la réalité étant donné l’évolution des prix, qu’un salarié reçoit chaque année une augmentation de 1%. Pour simplifier, je néglige les décimales au-delà de la deuxième et attribue respectivement aux 25 années précédant le départ en retraite d’un salarié gagnant au départ 1 euro par an les gains annuels suivants :
1,00 1,01 1,02 1,03 1,04 1,05 1,06 1,07 1,08 1,09 1,10 1,11 1,12 1,13 1,14 1,15 1,16 1,17 1,18 1,19 1,20 1,21 1,22 1,23 1,24.
La moyenne de ces 25 années pour un salarié du privé s’établit à 1,12 tandis que le fonctionnaire se voit crédité pour calculer sa retraite de 1,24. Le rapport entre les deux est de 1,24/1,12 soit 10% à l’avantage du salarié du public. Voilà qui est loin d’être négligeable.
Je me suis livré ici à un calcul très approximatif mais j'ai eu l'heureuse surprise de le voir validé en ce qui concerne le SMIC. En 1988, il s'élevait à 4813 francs soit 1149 euros. Comme il est aujourd'hui de 1430 euros, la progression en 25 ans a été de 1430/1149 soit 24% valeur prise comme base dans mon calcul précédent.
J’entends déjà les contestations : oui, mais les salaires du public sont inférieurs à ceux du privé. C’est certainement vrai pour certains métiers mais pas pour tous. N’oublions pas que ceux qui nous gouvernent, si prompts à cogner sur les fonctionnaires, oublient qu’ils sont eux aussi fonctionnaires, avec des performances ne correspondant pas toujours à leur niveau de rémunération. Et gardons présent à l’esprit le principe de la retraite par répartition : nos cotisations servent à payer les pensions des retraités et nous permettent d’acquérir les droits à une retraite. Il n’est donc pas anormal de toucher moins quand on a cotisé moins.