c’est pourquoi j’ai vécu au rythme des marées
entre les hommes et dieu je n’ai pas pu choisir
poisson-lune égaré sur un trottoir vitreux
je n’ai fait que passer sans pouvoir respirer
un enfant replié s’est pris dans ma mémoire
qui m’empêche d’atteindre au pays d’où je viens
quand trouverai-je enfin de quoi crever mes yeux
sur le plancher glissant d’une barque fantôme
si je viens à mourir qu’on me jette à la mer
dans l’aube bleue des sables je trouverai ma route
j’arriverai enfin à cette grande fête
où mon corps fait surface à l’intérieur du sel
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Tristan Cabral (né en 1944) - Ouvrez le feu ! (1974)