On a tous un groupe qui a accompagné notre adolescence. Celui dont on écoutait les albums en boucle dans toutes les circonstances possibles si bien que sa musique a fini par imprégner l'ensemble des souvenirs associés à cette période. Les bons comme les mauvais.
Pour moi, il s'agit de Depeche Mode, dont les deux albums "Songs of faith and devotion" et "Violator" habillent les glorieuses et les plus sombres heures de mes années-lycée.
Et pourtant jamais encore (et dieu sait que le temps a passé), je n'avais encore vu le groupe se produire en live.
Il y a bien eu quelques occasions mais -je ne sais si tu connais ça aussi- parfois, quand tu as beaucoup investi émotionnellement dans le travail d'un artiste, tu préfères rester sur ce que tu connais de lui plutôt que de prendre le risque d'être amèrement déçu par un de ses concerts.
Amertume qui vient ensuite sournoisement ternir chacune des écoutes qui suivent la déception et font que jamais plus tu ne retrouves la saveur exacte des débuts (oui, si ça sent un peu le vécu c'est que je parle en connaissance de cause).
Et puis là, hop, j'en discute avec Swann et c'est décidé, je prends le risque, j'y vais.
Après coup (à la fin du concert, donc) j'ai appris que les échos concernant leur précédent show au Stade de France étaient assez mauvais. Autant te dire que si j'en avais eu connaissance avant, jamais je n'aurais mis les pieds là-bas hier soir.
Mais voilà, j'y étais.
Je ne dirais pas grand chose concernant la première partie. A priori c'est M83 qui était annoncé et a priori le programme a été modifié à la dernière minute car le duo qui était sur scène ne m'a pas semblé du M83 mais une sorte de son électro d'une afligeante monotonie (à tel point qu'il était difficile de percevoir les changements de morceaux)
Et puis ce fut au tour de Depeche Mode de s'installer, après un long, très long, changement de plateau qui m'a permis de jeter un oeil sur le public réuni sur la pelouse du Stade de France. L'occasion de constater que le groupe a réussi à fédérer les générations autour de son projet et que, si ceux qui ont découvert leurs premiers albums au moment de leur sortie sont nombreux, ils sont souvent accompagnés de leurs enfants et qu'une importante part de l'assemblée est composée de 18-25 ans.
Quand les 5 musiciens entrent en scène c'est -bien entendu- sous les acclamations du public.
Le set débute, en toute logique, par un titre du dernier album (Delta Machine) "Welcome to my world" qui tombe à point nommé.
Le concert permettra de balayer la discographie du groupe en voyageant à travers les époques et les ambiances, avec une setlist savamment organisée que tu peux retrouver ici. (Encore qu'il me semble que le groupe s'autorise quelques petites libertés vis à vis de la liste officielle puisque j'ai eu la chance d'entendre ce soir "Judas" qui n'est rien de moins que la chanson qui a bercé mon adolescence et qu'elle n'apparait pas sur le document).
(Merveille)
Bien sûr, quand les tubes planétaires que sont "Policy of truth", "Enjoy the silence", "I feel you", "Walking in my
shoes" ou encore "Just can't get enough" retentissent Dave Gahan chante accompagné par le choeur immense formé par les 80 000 spectateurs et c'est complètement bouleversant. Etrangement
galvanisant.
Côté images, on retrouve, à la faveur des projections qui animent le fond de scène, les magnifiques images d'Anton
Corbijn. Plaisir décuplé.
Et que penser du groupe?
Martin Gore est toujours aussi touchant (et a un fan club particulièrement bruyant qui se trouvait -heureux hasard?- à quelques pas de moi)(j'ai bien dû perdre 1/10ème d'acuité auditive hier, je ne leur dis pas merci).
Les yeux maquillés, les ongles peints en noir, Martin porte un costume scintillant rayé dont la partie haute du pantalon est, à l'arrière, recouverte d'une sorte de demi-jupe plissée argentée du plus bel effet.
Il change régulièrement d'instrument et la valse des guitares et basses sur scène est un
spectacle à part entière (mention spéciale à l'étoile, dont j'ai pris une (médiocre) photo avec mon téléphone):
Et Dave alors?
Déjà impossible de ne pas dire quelques mots à propos de son extraordinaire souplesse lombaire qui a collé des bouffées de chaleur à au moins 95% des individus de sexe féminin présents dans le stade hier soir. Hot.
Tatouages apparents, bagues rutilantes et gilet de costume porté à même la peau qu'il n'hésite pas à ouvrir largement faisant hurler la foule, il est toujours aussi sexy sur scène, ondulant gracieusement comme peu d'autres savent le faire.
Heureuse surprise : Certains titres ont été revisités pour l'occasion permettant de ménager des instants plus rock et d'autres plus intimistes.
Voix impeccable, son nickel, morceaux parfois retravaillés pour être allongés grâce à des passages électro qui transforment le SDF en dancefloor géant, c'est un spectacle de grande qualité auquel les spectateurs du stade de France ont pu assister hier.
L'ambiance était parfaite encore qu'on puisse regretter que le groupe n'ait pas mis complètement à profit l'endroit pour assurer un "vrai spectacle de stade" auquel on était en mesure de s'attendre.
Ceci étant je suis repartie complètement sous le charme de ce concert lors duquel le public a été fantastique.
Certains titres faisaient l'effet d'une véritable communion musicale menée de main de maitre par un Dave Gahan tout en puissance qui jouait avec son public comme un marionniste actionnant les fils de son pantin, déclenchant les cris d'admliration lorsqu'il se livrait à un de ces déhanchés dont il a le secret ou provoquant un rugissement général lorsqu'il brandissait son pied de micro façon trophée, bien haut au-dessus de sa tête.
5 titres sont joués en rappel parmi lesquels "Just can't get enough" qui nous replonge en 1981. L'occasion de nous rappeler que si le temps ne les a pas épargnés, Dave et Martin n'ont pourtant pas vieilli.
Pendant ce concert les titres de "Delta Machine" sont repris par le public avec une ferveur qui démontre que ceux qui
sont présents ne sont pas venus seulement pour écouter les standards mais bien pour découvrir aussi en live les nouveaux morceaux et que le public a suivi de près l'évolution du groupe.
Pour ma part je suis restée complètement fascinée par la version de "Judas" chantée par un Martin Gore habité qui s'est achevée dans un souffle, je garderai en tête la merveilleuse délicatesse du murmure de "Do something about it" sur lequel s'est achevé le morceau.
Depeche Mode revient à Paris l'hiver prochain, sur la scène de Bercy. Les places sont déjà disponibles ici.
A retrouver ici, de bien jolies images du concert signées JL Parot.