Voir le marigot français depuis la Chine rend décalé le regard. Acte 1 : le Dalaï-lama fait citoyen d’honneur de la Ville de Paris - bravo ! Voilà une décision qui fait honneur aux valeurs des Lumières. Acte 2 : le socialiste adjoint Christophe Girard, en charge de « la Culture » auprès du maire de Paris, demande l’arrêt de l’exposition “Les Parisiens sous l’Occupation”, prévue jusqu’au 1er juillet à la Bibliothèque historique de la Ville. Au secours Voltaire, écrasez l’infâme ! Quelle est cette part moisie de la France, dont parlait Philippe Sollers dans une polémique du ‘Monde’ il y a quelques années ?
Eh bien oui, les Parisiens avaient l’air de vivre, dans les années 40. Ils n’étaient pas accablés tous les jours par le poids de l’Histoire, ni par les lois iniques. On vivait en dictature. Et sous la botte nazie, puisque ni l’armée, ni les élites n’avaientt pu faire le nécessaire à temps pour arrêter les Allemands. Et sous le régime autoritaire du vieux maréchal qui prônait le « retour à la terre », en pré-écolo pour qui « seule la terre ne ment pas. » Et alors ? Faut-il, parce que cela « choque » l’ultra-contemporain qu’on ne montre pas ce qui était la réalité de ce temps ? Avec ses hésitations et ses nuances dont Mitterrand à Vichy fut l’un des exemples ? Aussi pénible qu’elle apparaisse, 65 ans plus tard ? Quel Tartuffe, ce socialiste à postures ! « Tartuffe » est un anathème que Girard prononce paraît-il souvent, manifestement sans en pénétrer le sens, si l’on en croit certains commentateurs. « Cachez ce sein que je ne saurais voir ! » Et c’est ainsi que l’on réécrivait l’histoire… sous Staline.
Ce qui n’était pas « dans la ligne » n’existait pas. Tout simplement. Les photos étaient retouchées pour éliminer les intrus. Les manuels d’histoire caviardés. Seul « le » socialisme disait le « vrai » - tous les jours, dans la Pravda » (ce qui en russe veut dire ‘vérité’ …). Aujourd’hui que la Shoah est au programme des écoles, que le Président de la République se fait chambrer par les profs socialistes parce qu’il prône que les classes « adoptent » des enfants déportés, que des émissions, des films, des livres, des voyages scolaires et même des romans (Littell entre autres) montrent à l’envi ce qu’était Vichy, le nazisme, la déportation, la haine du Juif, la manipulation mentale, la propagande – comment croire une seconde que les Français sont mal informés, qu’ils se laissent séduire par « la manipulation derrière de prétendues belles images » comme feint de le croire Girard ? Est-ce une posture démagogique ou nous prend-t-il tous pour des niais ?
Les Français sont adultes, Monsieur le socialiste Girard. Ils savent faire la part du vrai et de la manipulation sans qu’un instit-qui-sait-tout (se disant « philosophe »), un caporal qui récite le règlement (qui n’est pas historien) ou un curé socialiste (cadre dans « un groupe de luxe ») lui dise ce qu’il peut voir et ce qu’il doit penser de politiquement correct et de moralement visible.
Dans ce contexte pratique, un Girard de base jette la suspicion sur la grââânde Déclarââârtionnne du parti Socialiste (une tous les 20 ans…) destinée à mettre à jour le « changement ». Ce qui compte, ce ne sont pas les mots mais les faits concrets.
Que penser du « changer la vie par la loi » de la Déclaration ? Va-t-on faire dire au Parlement ce qu’il faut penser de l’histoire et ajouter une loi mémorielle de plus ? C’est bien un socialiste qui avait déclaré tout suavement, en 1981 : « vous avez juridiquement tort parce que vous êtes politiquement minoritaire ». Le député André Laignel. C’est ce que fit Robespierre avec son Comité de Salut Public, Lénine minoritaire au premier congrès des Soviets, Hitler élu largement, Pétain imposé « par les circonstances »… Que penser de la « régulation » des marchés, si ladite règle est faite par des technocrates qui font voter leur Assemblée majoritaire à la botte, sans que quiconque ait quelque droit à dire autrement, ni quelque contrepouvoir pour balancer ?
Foin des grands principes et des Déclarations – ce qui seul importe sont les faits réels et concrets de la vie de tous les jours. La sortie d’un certain Christophe Girard, adjoint d’un candidat possible aux hautes destinées, montre le socialisme en acte, toujours tenté par l’ornière de l’autoritarisme malgré les pneus rechappés de « la Déclaration » : un caporal-socialisme.