Réforme des retraites – le mépris systémique de Yannick Moreau

«L’urgence est de rééquilibrer les régimes et de stabiliser financièrement le système, pas de faire une réforme systémique. Ce n’est pas la demande des Français . ils ne savent même pas ce que ça veut dire». Ainsi s’exprime Yannick Moreau, auteur du rapport sur les retraites, citée par le journal le Monde.

Comprenons bien : Yannick Moreau, ENA promotion Thomas More (1971), se considère elle-même comme une française “plus”, une de ces quelques bénis des dieux qui comprennent le sens de l’expression “réforme systémique”.

Il faut dire que l’exemple vient de haut, François Hollande lui-même, ENA promotion Voltaire (1980) explique doctement qu’il est impossible de faire un référendum sur l’Europe car pour cela il faudrait poser des questions “trop compliquées”.

Au passage, notons que en plus de leur passage à l’ENA, Yannick Moreau et François Hollande partagent aussi leur goût pour les réseaux où se mélangent les “élites” financières, médiatiques et politiques de tous bord, notamment celui du très discret club “Le Siècle” dont ils sont tous les deux membres.

La remarque de Yannick Moreau sur ces français ignorants n’est qu’une nouvelle manifestation du “mépris systémique” partagé par ces “élites” pour le peuple et par voie de conséquence pour la démocratie.

L’ENA dont est issue Yanick Moreau, a été créée pour former des hauts fonctionnaires garants de l’intérêt général et de la continuité de l’Etat. Cela a fonctionné longtemps, jusqu’à ce qu’elle devienne un point d’entrée pour les carrières politiques et que les aller et retours de ses diplômés entre le monde des affaires et celui de l’administration se soient multipliés. L’intérêt général s’est alors dilué dans des intérêts particuliers et les affaires qui font quotidiennement la une de nos journaux ces dernières semaines ne sont que la manifestations de la manières dont l’”élite” française a petit à petit détourné les biens de l’Etat pour ses intérêts privés.

Une chance pour l’Etat à sa création, l’ENA est maintenant devenue une véritable menace pour la démocratie, en développant une véritable caste, soucieuse de ses intérêts corporatistes et idéologiquement soumise à la finance mondialisée. Il faut noter au passage que jamais les “élites” du pouvoir politico-mediatico-financier n’auront jamais à subir eux-mêmes les conséquences des réformes qu’ils imposent.

Mais revenons à cette “réforme systémique” qui n’aura pas lieu.

Comme c’est le cas de la plupart des productions des diplômés de l’ENA (auquel il faut ajouter HEC en ce qui la concerne), la copie de Yannick Moreau ne brille pas par sa créativité. Il s’agit d’une énième mouture de prêchi-prêcha libéral avec toujours le même objectif : faire travailler plus longtemps et baisser le niveau des pensions.

Gageons que quelles que soient les solutions retenues, il faudra y revenir dans les 3ans, puisque l’objectif de “baisse du coup du travail” est un objectif qui ne sera rempli que quand les revenus et les prestations sociales des travailleurs atteindront le niveau du seuil de leur survie sans révolte. Le modèle économique est simple : tant que les salariés ne seront pas ou morts de faim ou massivement dans la rue, le niveau d’équilibre ne sera pas atteint et les politique de baisse du coût du travail s’enchaineront les unes derrières les autres.

Mais chère Mme Moreau, sachez que nous avons bien compris le résultat de toutes ces non-réformes systémiques successives. La baisse de niveau des prestation issues du système par répartition ainsi que l’incertitude que font peser sur lui ce qui tient lieu de pensée à l’ENA conduit tout naturellement les français à se tourner petit à petit vers des systèmes privés, par capitalisation.

Ce n’est effectivement pas une réforme systémique qui s’annonce, mais dans la foulée de Nicolas Sarkozy, François Hollande s’apprête à faire un nouveau pas vers un changement de paradigme (oups quel mot compliqué !) et vers le démantèlement des fondements de la société française moderne.

Aux idéaux républicains du Conseil National de la Résistance François Hollande substitue une fois encore la soumission à la mondialisation financière.

Article publié sur “Ces nuls qui nous gouvernent”