Doomsday

Par Rob Gordon
Après l'étouffant The descent, Neil Marshall décrit un autre type de claustrophobie : celle qui nous atteindra tous un jour ou l'autre si le monde continue à faire n'importe quoi. Cette fois, c'est l'idée même d'être enfermé dans cet univers trop petit qui devient la plus grande angoisse qui soit. Par le biais d'un style un peu bis et très référencé (Mad Max, Carpenter, tous ces trucs qui font rêver les quadras nostalgiques), Marshall décrit une apocalypse de proximité, aussi délirante que crédible. Le point de départ (l'Écosse est mise en quarantaine pour enrayer la progression d'un virus imbattable) n'est qu'un prétexte pour partir en voyage dans ce monde où la normalité et la marge ne font plus qu'une.
Doomsday, c'est donc un gros plaisir coupable qui assume pleinement son côté bourrin et ses nombreuses influences, part dans tous les sens sans jamais se retourner, et revendique haut et fort son statut de fourre-tout débile et inquiétant. À la tête du film, Rhona Mitra est juste parfaite, jouant idéalement sur l'ambivalence de son personnage, à la fois ultra sexy, ultra masculine, et finalement assez émotive. Dans le royaume underground des punks comme dans les douves de pseudo-chevaliers, cette Eden Sinclair est pleinement à son aise, distribuant les pains comme d'autres la bonne parole, tranchant des têtes comme si c'était la routine. Mais sans ce côté ennuyeusement cool qui fit un temps le succès de personnages surécrits à la John McClane. Doomsday est un film absolument pas recommandable, puisqu'il risque surtout de provoquer le rejet chez une majorité de spectateurs, fans ou pas du genre (mais quel genre ?). On souhaite que Neil Marshall continue à faire ce qui lui passe par la tête : il y a visiblement du très bon sous ce crâne-là.
8/10