Quinze enfants se retrouvent seuls à bord d’un navire en perdition.
A la suite d’une imprudence de l’un deux, le bateau a gagné la haute mer alors
que l’équipage était à terre. Pris dans une tempête, le bâtiment s’échoue sur
une île déserte le long des côtes de l’Amérique du sud. Les naufragés
s’organisent au mieux, et même si quelques moments de tension viennent troubler
la cohésion du groupe, tout est mis en œuvre pour que les choses se déroulent
sans anicroche. Les semaines et les mois passent et personne, semble-t-il, ne peut
leur venir en aide. Jusqu’au jour où des brigands s’échouent à leur tour sur
l’île. Une arrivée synonyme de grand danger pour les enfants mais
paradoxalement, c’est grâce à cette intrusion sur leur « territoire »
qu’ils vont pouvoir rentrer chez eux sains et saufs.
Relire Jules Verne, je ne pensais pas que ça m’arriverait un jour. Heureusement
que Marie est là pour me proposer quelques LC de classiques. Après Barbeyd’Aurevilly et Wharton, nous voila donc à nouveau réunis pour Verne.
Deux ans de vacances, c’est la reproduction d’une société en
miniature assaisonnée d’une grosse pincée de robinsonnade. L’intention
pédagogique et morale est évidente : de jeunes garçons bien éduqués, en
proie à des circonstances particulières et extrêmes, montrent un courage et une
abnégation qui forcent l’admiration du petit lecteur.
Le roman respecte par ailleurs quelques codes propres au feuilleton, comme une
bonne dose de suspense et l’enchaînement d’épisodes spectaculaires. Surtout, on
constate que l’écrivain ne cherche jamais à angoisser ses lecteurs. Malgré, une
situation particulièrement difficile, les signaux rassurants se multiplient dès
que les choses prennent une tournure quelque peu dramatique : des aventuriers
se perdent dans le brouillard ? Ils s’en sortiront sans dommages. Ils
partent explorer une partie de l’île ? Tout se déroule sans encombre. Deux
d’entre eux s’affrontent pour prendre la tête de la communauté ? C’est la raison qui finira par l’emporter.
Leur chef est blessé à l’épaule ? Pas de panique, on nous explique que
« la cicatrisation fut bientôt complète. Il ne lui resta plus qu’une
certaine gêne dans le bras – gêne qui ne tarda pas à disparaître. » Comme
s’il ne fallait jamais s’inquiéter pour ces quinze enfants.
En fait, une sorte de conformisme moral traverse cette
aventure où les rôles sont parfaitement distribués. Ordre, courage, respect de
la hiérarchie sociale, toutes les préoccupations de la bourgeoisie d’alors se
retrouvent dans le récit. L’enfant avec les meilleures dispositions commande à
une communauté disciplinée et tout va pour le mieux dans le meilleur des
mondes.
Tout cela n’est absolument pas choquant si on remet les
choses dans le contexte de l’époque, mais il est également normal de constater
que les lecteurs d’aujourd’hui on du mal avec ce type de roman. J’en discutais
il y a quelques semaines avec un enseignant de CM2 qui se désolait de constater
que ses élèves ne sont plus du tout attirés par les classiques présents dans sa
bibliothèque de classe. London, Stevenson, Verne ou la comtesse de Ségur ne les
intéressent guère. Même le Petit Nicolas a du mal à trouver des adeptes.
C’est compréhensible mais de mon coté j’ai retrouvé avec un certain plaisir
l’auteur de Vingt mille lieues sous les mers car si son écriture et les valeurs qu’il
dispense sont assurément datées, il cultive un art du dépaysement qui fait
toujours mouche.
Deux ans de vacances de Jules Verne. Le
livre de poche jeunesse, 2008. 250 pages. 5,90 euros.
L'avis de Marie