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L'immoral échange automatique de données relatives aux étrangers

Publié le 14 juin 2013 par Francisrichard @francisrichard

Echange-automatique.jpgQuand il s'agit de secret bancaire, les opposants à cette protection de la sphère privée parlent de moralité avec des trémolos dans la voix.

Ce ne serait pas bien de frauder le fisc de son pays. Ce ne serait pas bien de vouloir s'en évader, même si c'est un enfer fiscal.
A contrario au nom de la raison des Etats, ce serait bien de pouvoir accéder aux données financières et bancaires de tout un chacun et de pouvoir ainsi connaître par le détail tout ce qu'il gagne, tout ce qu'il dépense et tout ce qu'il épargne, si tant est qu'il puisse épargner.

Dans le même temps on restreint l'usage des espèces sonnantes et trébuchantes. Au-delà d'un certain montant, certaines transactions en espèces sont ainsi interdites dans la plupart des pays. C'est un moyen supplémentaire de tout contrôler, de tout connaître sur quelqu'un, à commencer par toutes ses habitudes de vie, dans le détail, en l'absence de tout secret bancaire.

Dans cette direction totalitaire, il y a deux jours, la Commission européenne a dit souhaiter étendre sa récente Directive de coopération administrative (qui prévoit déjà l'échange automatique d'informations sur les revenus professionnels, les jetons de présence, les pensions, les revenus de bien immobiliers et certains produits d'assurance-vie) aux revenus financiers tels que les dividendes et les plus-values.


Aujourd'hui a été publié le rapport d'experts, dirigé par Aymo Brunetti, professeur de l'Université de Berne, commandité par le Conseil fédéral, sur l'argent propre. Ce rapport, en date du 6 juin 2013, préconise d'accepter que l'échange automatique d'informations relatives aux étrangers devienne la norme internationale et de participer à son élaboration au sein de l'OCDE, prétendument pour s'assurer qu'elle s'appliquera bien à tous les pays.

Pour faire passer cette pilule, le rapport Brunetti fait valoir que la Suisse pourrait obtenir ainsi, en contrepartie, le libre accès de ses banques au marché des autres pays de l'OCDE, à commencer par celui des principaux membres de l'UE, ainsi que le règlement du passé avec ces derniers. Rien n'est moins sûr: est-ce négocier que de devancer les desiderata d'adversaires qui ne vous veulent certainement pas du bien?    

Qu'est que cela signifie en définitive?

D'abord cela signifie que la Suisse renonce à ses grands principes de protection de la sphère privée. Certes l'échange automatique d'informations ne s'appliquerait qu'aux étrangers. Mais, justement, est-ce bien moral de trahir définitivement la confiance qu'ils ont encore, ou avaient, en notre protection de leur sphère privée?

(Il faut dire qu'à gauche et au-delà, un bon étranger, c'est un requérant d'asile ou un clandestin, voire un criminel de droit commun. Un mauvais, c'est celui qui commet le crime de placer son argent chez nous...) 

Ensuite cela signifie, d'une manière plus générale, que l'argent n'appartient pas aux personnes qui le gagnent mais aux Etats obèses qui veulent bien leur en laisser un peu, après s'être largement sucrés en prélèvements obligatoires. Charité bien ordonnée commence par celle des Etats, tel est le nouveau précepte.

Enfin cela signifie qu'une nouvelle étape sera franchie dans la destruction programmée du secret bancaire helvétique. On ne voit pas, après ça, pourquoi Madame Widmer-Schlumpf, conseillère fédérale des Finances, n'obtiendrait pas, puisque tel est son plus grand désir affiché, que les citoyens helvétiques ne bénéficient pas eux aussi, au nom de l'égalité universelle des droits, de la disparition du secret bancaire qui les protège encore.

Il s'agit d'une inversion complète des valeurs. Au lieu que les Etats soient au service des citoyens, ce sont les citoyens qui seront de plus en plus à leur service, et pour le dire plus crûment, à leur botte. Jamais les libertés individuelles n'ont été autant menacées dans nos pays dits démocratiques.

Jamais il n'aura été plus nécessaire de signer l'initiative Oui à la protection de la sphère privée!, pour qu'elle aboutisse et qu'elle soit finalement approuvée par le peuple. Car, en faisant de la protection de la sphère privée financière un principe constitutionnel helvétique, la Suisse, par cette exception juridique en faveur de ses citoyens, montrera au monde le chemin de la reconquête de ces libertés individuelles, qui sont menacées par la rapacité des Etats et par leur tentation totalitaire.

Francis Richard

La photo qui illustre cet article provient d'ici. 


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