Jamais un premier vol d’avion commercial n’avait été filmé et photographié comme l’a été celui de l’A350XWB : de bout en bout, au-dessus d’un sud-ouest qui a enfin retrouvé soleil et chaleur. Depuis le premier décollage de l’A380, il y a 8 ans, Toulouse n’avait plus connu de moments d’une telle intensité, d’autant que rien de comparable ne peut ętre espéré avant de nombreuses années, c’est-ŕ-dire au moment oů apparaîtra le successeur de l’A320, dans 10 ou 15 ans...
La foule des Airbusiens était dense, joyeuse, tout au long de la grande piste de Blagnac. Rejointe par d’innombrables enthousiastes et, bien sűr, des dirigeants ravis. Fabrice Brégier, patron d’Airbus, Tom Enders, président du groupe EADS, Didier Evrard, directeur du programme, n’avaient sans doute pas affiché de longue date une mine aussi sincčrement réjouie. Et, aussitôt l’avion revenu au sol, un drapeau aux couleurs de l’industriel européen a flotté au-dessus du cockpit, suscitant une forme supplémentaire d’émotion.
Cet A350XWB est davantage chargé de symboles qu’il n’y paraît ŕ premičre vue. En effet, 41 ans aprčs le premier décollage de l’A300B, il boucle la boucle : pour la premičre fois, cet avion est d’entrée totalement européen, propulsé par des moteurs Rolls-Royce, et non pas américains. Le motoriste anglais avait raté ce rendez-vous historique, jadis et, aprčs quatre décennies, la page est, enfin, définitivement tournée.
Reste ŕ mener l’avion ŕ la certification, au terme de 2.500 heures de vol, prélude ŕ son entrée en service dans la seconde moitié de l’année prochaine, aux couleurs de Qatar Airways.
Côté commercial, le démarrage est prometteur. On ne s’étonne męme plus qu’un appareil entičrement nouveau soit vendu Ťsur catalogueť ŕ plus de 600 exemplaires, avant męme de quitter le sol pour la premičre fois. Certes, Boeing est en embuscade mais il y a suffisamment de place sur le marché mondial pour faire le bonheur des deux rivaux. Et tout commentaire sur le retard de l’un par rapport ŕ l’autre, thčme favori de certains chroniqueurs, ces jours-ci, est dénué de tout fondement.
Bref, pour aller ŕ l’essentiel, une belle journée pour l’aéronautique européenne.
Pierre Sparaco-AeroMorning