Pourquoi nous, artistes plasticiens contemporains, même si nous sommes minoritaires, nous sommes contre la muséification ou la muséalité de la création contemporaine, contre l’enfermement de la création artistique contemporaine dans un musée d’art contemporain. À un art vivant un espace vivant.
Je cite par exemple jean Dubuffet : « Naïve est l’idée que les quelques pauvres faits et quelques pauvres œuvres qui se sont trouvés conservés des temps passés sont forcément le meilleur et le plus important de la pensée de ces époques. Leur conversation résulte seulement de ce qu’un petit cénacle les a choisis et applaudit en éliminant les autres. Les célébrateurs de la culture ne pensent pas assez au grand nombre des humains et au caractère innombrable des productions de la pensée. »
Aujourd’hui, à la conversation dont parlait Dubuffet c’est substitué la création artistique contemporaine. La création artistique contemporaine résulte seulement de ce qu’un petit cénacle dans les musées d’art contemporain, les FRAC, le CNAP, le FNAC les a choisis et applaudit en éliminant « méchamment » les autres. Les expositions publiques dans des espaces publics financées par l’argent public représentent un monopole sur la diffusion de la création artistique contemporaine en France. Les artistes ne peuvent plus financer leurs propres espaces de diffusion indépendants car ils ne sont pas soutenus financièrement par les élus de tous bords politiques. Les artistes plasticiens dans l’art contemporain ne peuvent plus rencontrer leur public autour de leurs œuvres. Les élus refusent de leur prêter des espaces et des lieux vides du patrimoine public pour qu’ils puissent exercer leur activité artistique et organiser leurs propres expositions. Les artistes plasticiens ne pouvant plus montrer leurs œuvres, ils ne peuvent plus vendre leur art et pérenniser leur activité artistique. On rencontre de plus en plus d’artistes plasticiens qui ne peuvent plus acheter la matière première pour peindre, sculpter, construire des installations…Nous parlons bien de l’utilisation de l’argent public par des élus et des responsables des institutions pour instituer une concurrence déloyale entre les artistes, assassiner l’innombrable des productions de la pensée. Cette politique culturelle nauséabonde est renforcée par l’utilisation de commissaires d’exposition pour rendre opaque les sélections d’artistes. Ces soi-disant commissaires d’expositions (ce statut n’existe pas) instaurent systématiquement dans leurs expositions publiques des thématiques imposées aux artistes, violant le principe de la promotion des expressions culturelles et donc artistiques. L’artiste a le droit moral sur son œuvre, ce droit est aussi violé par ce petit cénacle. Cette politique culturelle en France est bien la signature depuis plusieurs décennies d’un ultra conservatisme, une politique culturelle vichyste, les mêmes méthodes même si le registre politique est différent des années 42 44 sous l’occupation. Ce système culturel est inéquitable et arbitraire, il est aussi une grande porte ouverte aux magouilles, au copinage, au favoritisme et au clientélisme. Il n’y a pas des impostures de l’art contemporain mais seulement des imposteurs, une fabrique culturelle des imposteurs qui escroquent les artistes et leur public.
Lili-oto artiste plasticien, art contemporain : controverse et critique