Ses deux principaux rivaux ayant jeté l'éponge en échange de postes de vice présidents du Medef, c'est donc Pierre Gattaz, qui va présider dans quelques semaines le mouvement patronal. Interrogé sur l'avenir des retraites en France, il a repris le couplet de dame Parisot : Il faut repousser l'âge légal de la retraite. Il en parle dans une interview au Monde
Le Monde : Que préconisez-vous au sujet des retraites ?
Pierre Gattazz : « Le débat doit être dépassionné. Regardons ce que font les autres pays. Nous vivons de plus en plus vieux. Le pourcentage d'actifs par rapport aux retraités ne cesse de baisser. C'est un problème mathématique, pas politique. Sur quels paramètres peut-on jouer ? Les cotisations ? Non, il ne faut pas les relever. Les pensions ? Il ne faut pas les baisser ou alors à la marge, par la désindexation. La durée de cotisation peut en revanche être augmentée en passant de 41 à 43 années à l'horizon 2020. Et il y a l'âge légal de départ à la retraite, qui peut être repoussé . Si on ne règle pas ces problèmes-là, que laisse-t-on aux générations futures ? »
Pourquoi cette subite pudeur, alors qu'il a clairement indiqué à quel âge il devait être repoussé
Il l'a précisé à de nombreuses reprises lors de sa campagne : « On n'accepterait pas d'augmenter encore le poids des cotisations des retraites. Il faudra faire quelque chose, sans doute augmenter l'âge de départ à la retraite, sans doute à 65 ans dans une première étape » comme le rappelle Challenge citant ses déclarations sur Europe1
Nous poserons donc la même question que nous posions au mois de mai à madame Parisot. Comment faites vous pour modifier le taux de seniors dans l'emploi ? compte tenu que : un dossier étude de l'INSEE, en mars 2013 indiquait que : « Le taux d’activité des personnes de plus de 55 ans est particulièrement faible en France, surtout pour les hommes, dont le taux d’activité est l’un des plus bas de l’Union européenne (...) » Tout en sachant que ce taux est de 19,8% pour ... les 60-64 ans.
Nous y ajouterons quelques questions
Quand le Medef et ses adhérents cesseront-ils d'utiliser la rupture conventionnelle pour se séparer des plus de 55 ans, devenue comme l'expliquait l'Expansion : « Une pratique courante chez les seniors » ?
Quand le Medef obligera t-il les entreprises, quelle que soit leur taille, à mettre en place des solutions efficaces contre les TMS qui touchent en priorité les salariés âgés ?
Quand le Medef obligera t-il ses adhérents à former les 55 ans et plus ? alors qu'on constate que : « Les personnes de plus de 55 ans ont un taux d’accès à la formation de 9%, contre 26% pour les 35 – 44 ans (...) »
Sans le moindre doute, le Medef répondra : Code de bonne conduite, mobilité, flexibilité, adaptabilité, ... Car si le Medef refuse qu'on lui impose la moindre contrainte, il n'hésite jamais à demander à l'état d'imposer les contraintes qu'il juge nécessaire aux salariés.
Néanmoins, monsieur Gattaz ne pourra pas s'exonérer d'une réponse précise sur le fait que le tour de passe passe qui consiste à se séparer de salariés à qui, il ne reste tout plus qu'un ou deux ans avant la retraite, ne fonctionnera plus si on passe l'âge légal de 62 à 65 ans.Ce qui signifierait au passage, pour les salariés, d'attendre 69 ans pour obtenir le taux plein. Vous imaginez bien combien atteindront cet âge en restant dans l'emploi !
Mais, que deviendront les 55/62 ans qui perdront leur emploi ?
Compte tenu du peu d'appétence et d'engagement des entreprises pour ces salariés, ils devront se limiter à toucher les indemnités chômage pendant 3 ans. Ensuite, les plus chanceux toucheront l'Allocation équivalent retraite (AER) si la droite revenant au pouvoir ne la supprime pas une fois de plus, pour les autres ce sera le RSA ou ... rien du tout !
Mais comme un malheur ne vient jamais seul, monsieur Gattaz souhaite rendre leur sort encore plus difficile ! Dans l'interview accordée au Monde, il évoque au passage, l'assurance chômage et glisse : « (...) Il faut mettre en place un système d'incitation pour les demandeurs d'emploi qui reprennent une activité rapidement (...) Il faut également jouer sur la dégressivité des allocations »
Et Pierre Gattaz de conclure : « (...) Quand vous croulez sous le poids des charges, vous ne pouvez plus investir, vous ne prenez plus d'apprentis, de stagiaires, de jeunes en alternance (...) » les vieux quant à eux ....
Voila le message que monsieur Gattaz souhaite laisser aux « générations futures » qui, après tout, auront probablement, entre temps, découvert les joies de la retraite par capitalisation, cheval de bataille de Denis Kessler son conseiller occulte et patron de l'assureur SCOR qui aurait, selon Le Figaro, obtenu en échange de son ralliement : « (...) que les questions des retraites et de protection sociale reviendraient à la fédération de l'assurance (...) »
Sans commentaire !
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Libération