Cette recherche de l’Université de l’Iowa qui a commencé avec l’étude des circuits du cerveau impliqués dans les comportements compulsifs révèle un lien surprenant avec l’obésité. Ses résultats, présentés dans l’édition du 10 Juin des Actes de l’Académie des Sciences américaine (PNAS) suggèrent que les circuits du cerveau qui contrôlent le comportement obsessionnel et compulsif sont « entrelacés » avec les circuits qui contrôlent la prise alimentaire et le poids corporel. Des implications pour le traitement des comportements compulsifs associés à la maladie psychiatrique et aux troubles de l’alimentation.
· L’un (1) atteint de toilettage compulsif, privé d’un gène connu (SAPAP3) suspecté d’être impliqué dans les comportements compulsifs. Ce modèle murin se toilette de manière si excessive qu’il s’abime la peau. Son comportement compulsif peut être traité efficacement par la fluoxétine, un médicament couramment utilisé pour traiter les TOC chez l’Homme.
· L’autre modèle de souris (2), privé d’une protéine du cerveau (MC4R ou melanocortin 4 receptor) imite génétiquement une forme héréditaire de l’obésité humaine. Des mutations du gène MC4R sont l’une des causes génétiques les plus fréquentes de l’obésité morbide.
Les chercheurs montrent que
· la suppression du gène codant pour le récepteur de la mélanocortine 4 (MC4R) inhibe les troubles compulsifs du modèle 1.
· la suppression de SAPAP3 restaure un poids normal et les fonctions métaboliques des souris (2) privées de MC4R, modèles d’obésité humaine.
Et lorsqu’ils décident de faire se reproduire les deux modèles de souris, ils obtiennent une progéniture ni compulsive, ni obèse !
Des circuits cérébraux intimement liés : Ainsi, les circuits du cerveau qui contrôlent le comportement obsessionnel et compulsif seraient « entrelacés » avec les circuits qui contrôlent la prise alimentaire et le poids corporel.
La nécessité de « bien se nourrir » : Bien qu’a priori sans rapport, cette connexion pourrait, selon les chercheurs, s’expliquer par la nécessité au cours de l’évolution de manger des aliments sûrs et sains en période d’abondance de nourriture et de restreindre cette condition en période de privation. Le circuit cérébral, impliqué dans cette étude, jouerait un rôle dans la décision de manger ou non des aliments denses en calories. Les perturbations de ce circuit pourraient entrainer des troubles obsessionnels menant à la sélection extrêmement limitée de nourriture, comme l’anorexie mentale, ou à l’obésité avec une surconsommation d’aliments riches en matières grasses pour calmer son anxiété ou ses troubles obsessionnels.
La prochaine étape sera de déterminer comment ces deux circuits communiquent pour pouvoir développer de nouveaux traitements des comportements compulsifs associés à de nombreuses maladies psychiatriques.
Source: PNAS June 10, 2013, doi:10.1073/pnas.1308195110Double deletion of melanocortin 4 receptors and SAPAP3 corrects compulsive behavior and obesity in mice