J’ai assisté à un débat sur l’avenir de la Poste. Il m’a
fait découvrir bien des choses.
La Poste, et les postes européennes en général, arrivent au
moment d’un changement peut-être « violent ». Le trafic des lettres
baisse nettement. La Poste croyait compenser les conséquences de cette baisse
par les revenus de la Banque Postale, mais, par les temps qui courent, les
banques rapportent peu. A cela s’ajoute le fait que la Poste aurait maintenu
une mission de service publique implicite, que l’Etat ne rémunérerait pas
totalement. Par exemple, elle posséderait 17000 bureaux de postes, alors qu’il
ne lui en faudrait que 7600 (voire moins), elle prendrait en charge une partie
du surcoût (246m€ dont 170 payés par l’Etat). De même, un membre de l’ARCEP
faisait remarquer que la Poste doit assumer un rôle d’employeur local !
Les épisodes précédents sont curieux. 1992, les
postes européennes demandent à Bruxelles de leur donner des lignes directrices. Livre vert. 2011, année de la libéralisation totale. Rien ne s’est passé. Car, même
là où la libéralisation avait été anticipée, la concurrence est inexistante
(10% au mieux, 0,5% en France). Aucun modèle n’en est sorti. On a cru un temps à
la poste néerlandaise. Mais, dès qu’elle a été entre les mains du marché, elle a
perdu ses activités lucratives. Ce qui reste fait peine à voir. En fait, ce n’est
pas la libéralisation mais sa menace qui a fait merveille : elle a permis
d’obtenir entre 30 et 40% de gains de productivité ! Voilà qui aurait
compensé jusqu’ici la baisse de trafic !
Et l’avenir ? Augmenter méchamment les prix ? Ça
marche à l’étranger, sans avoir causé un effondrement du trafic. Mais,
attention à se garder des idées reçues ! Le « prospectus » par
exemple est loin d’être condamné. C’est une aide à l’achat appréciée de
beaucoup de gens. En outre, la dématérialisation avance lentement. Elle
ne touche que 10% des factures des opérateurs de télécom, au mieux. Et
elle n’intéresse pas ceux que l’on pensait (i.e. les jeunes CSP+). Et il y a plus subtil. Longtemps le facteur a été un lien
social critique. Par exemple, on abonnait une personne isolée à un journal,
afin que le facteur vienne la voir régulièrement. Or, le recours à la
communication électronique, la déshumanisation des relations entre entreprise
et individu sont de plus en plus mal vécus. En outre, les mairies aimeraient
mutualiser les services qu’elles rendent à leurs administrés :
recensement, relèves de compteurs… Et si la Poste devait changer pour ne pas
changer ? Réinventer sa raison d’être, le service entendu au sens premier
du terme, afin de ré humaniser la société ?