Le dernier des treize – Mercedès DEAMBROSIS

Par Liliba

On s’était dit rendez-vous dans 10 ans…

Sauf que cette bande d’amis se connait depuis presque 30 ans et qu’elle n’a pas l’air très heureux de se retrouver ! Il faut dire que c’est autour du cercueil de l’un d’eux et que l’occasion n’est pas vraiment propice à la rigolade. Partir si jeune ! Françoise était une vilaine arriviste, certes, mais bon… Quand ils se retrouvent peu de temps après autour de la dépouille de Charles, alcoolique, mais malgré tout bien jeune pour partir, ils commencent à avoir des doutes… À faire des suppositions… À lâcher quelques brides de questions… À réveiller le passé… Car oui, ils ont un passé commun, et un passé qui leur fait peur ! En effet, alors qu’ils étaient jeunes, à l’époque un peu anars, gauchistes et révoltés, idéalistes aussi, ils étaient inséparables. Et au soir d’une beuverie pire que les précédentes, ils ont tous juré que si jamais ils abandonnaient en vieillissant leurs idéaux, s’ils trahissaient leur liberté de penser, ils devraient être punis. Et pour ce faire ils se sont cotisés et ont engagé un tueur à gages…

Alors voilà, deux morts d’un coup, ça fait réfléchir… Et quand survient le troisième décès, c’est le branle-bas de combat et la panique ! Ils bossent tous dans la même boite (bizarre, non ?) et en fait d’amitié, il semble qu’ils se détestent un peu tous les uns les autres, se jalousent et ne se veulent pas que du bien.

Pas de bol, l’enquête est reprise par Louis-Edouard, un fils à papa totalement incapable projeté au poste par les relations du pater, préfet du coin, et son assistant qui n’a pas inventé la poudre et encore moins le fil à couper le beurre. Et l’auteur nous offre là des portraits vraiment hilarants, que certains trouveront sans doute un peu caricaturaux, mais que j’ai au contraire jugés criants de vérité. La description de l’accoutrement de Louis-Edouard, dandy ridicule, imbu de lui-même et persuadé de son flair alors qu’il est juste stupide, de ses relations avec ses parents (le père rigide et horrifié et dégouté par son rejeton incapable et la mère, ah la mère !) puis de sa rencontre et tentative de relation avec Mlle Kramiski, chef de projet chez Dexon Expert & cie, ravie au départ de la défection de ces vieux employés surpayés et non productifs, puis un peu affolée par la tournure des évènements, car elle n’arrive plus à faire correctement ses plannings de présence, plus coincée qu’un balai et d’une rectitude affligeante sont vraiment des délices, et rien que pour ça, vous devriez lire ce roman.

J’ai cependant eu un peu plus de mal avec les autres personnages, aux personnalités certes intéressantes et très diverses, mais moins creusées à mon goût et je me suis un peu perdue dans l’intrigue. Il faut dire l’auteur donne la version des faits tour à tour de plusieurs membres du groupe et qu’on s’y perd un peu, ne comprenant pas toujours instantanément quel est celui qui s’exprime, mais ce principe narratif ajoute aussi à l’intrigue et au suspense, puisque ce roman est un vrai polar bien troussé, avec un vrai tueur à découvrir, même s’il est extrêmement drôle.

Tous les 13 jours, l’un d’eux est assassiné, et les soupçons se portent vite vers René, celui qui à l’époque avait récolté les fonds pour engager le tueur. L’a-t-il vraiment fait ? Car René est une vraie canaille et on ne peut pas lui faire confiance… Mais peut-on d’ailleurs faire confiance aux autres ? La tension monte aussi bien que les soupçons qui changent de cible au gré des morts et on se rend vite compte qu’ils ont tous un truc pas net à cacher, à oublier, un coin de vie pas drôle ou dont ils ne sont pas fiers. Louis-Édouard, tout à son affaire soupçonne tout le monde, leur colle aux basques, mais ne peut s’empêcher de se faire mousser devant la presse, étalant déjà le succès de l’affaire alors qu’elle n’est pas résolue.

Ce qui aura des conséquences fâcheuses...