Que nos lectrices et lecteurs nous pardonnent ce billet d'analyse politicienne. Il fallait bien s'interroger sur ce qui pourrait être une révolution en douceur.
Les socialistes ont donc perdu 3 députés depuis juin 2012, à la faveur d'élections partielles. La dernière en date, dans deux circonscriptions taillées sur mesure par l'ancien monarque pour les Français de l'étranger, a eu lieu le weekend précédent. L'abstention y fut massive. Avec deux autres élus exclu - Sylvie Andrieux (exclue) et Jérôme Cahuzac (démissionnaire), voici donc que le groupe socialiste s'approche dangereusement de la barre fatidique des 289 députés, le seuil de la majorité absolue.
1. La seule leçon politique que l'on peut sans surprise tirer de ces élections est qu'Hollande déçoit mais que l'opposition ne convainc pas. L'abstention est même incroyable: l'UMP a gagné auprès des Français d'Amérique du Nord avec ... 86% d'abstentionnistes. L'UDI a récupéré le siège de la zone "Chypre, Grèce, Italie, Israël, Turquie" contre une candidate UMP, la gauche ayant été éliminée dès le premier tour,
2. L'abstention est si massive qu'on est en droit de se demander si ces élections ont encore un sens. Personne n'est troublé qu'un Frédéric Lefebvre puisse débouler dans l'hémicycle avec moins de 8% des suffrages... Cette abstention n'est pas nouvelle: elle était déjà massive en juin dernier pour ces circonscriptions exotiques. Elle fausse également pas mal de pronostics pour les prochaines élections municipales.
3. Il y a des revenants. Tel Frédéric Lefebvre, ancien Sarko-boy bien connu de ces colonnes. C'est la première fois qu'il est élu au suffrage universel sur son nom. Certes, avec des voix d'expatriés, celles des Français d’Amérique du Nord, mais saluons la maigre performance. L'homme s'est calmé depuis sa grande période quand il était porte-flingue de l'ancien monarque et porte-parole du clan. Entre juillet 2007 et juillet 2009, il remplaçait André Santini comme député des Hauts-de-Seine.
4. Le PS risque-t-il vraiment de perdre la majorité ? Si le PS perdait encore quelques sièges, la question des alliances se poserait. L'enjeu est plus grave qu'au Sénat qui n'a jamais le dernier mot parlementaire. Au PS, certains stressent un peu. Mais cette inquiétude est encore prématurée. D'autres législatives partielles pourraient intervenir si un ministre démissionnaire ne souhaitait pas récupérer son siège; si d'autres élus socialistes étaient inquiétés par la justice; ou si le cumul des mandats impose des démissions. Pour mémoire, un député européen ne peut être également député ou sénateur. Or quelques socialistes
5. Avec qui Hollande devra-t-il cohabiter ? C'est la seule question qui vaille. Faudra-t-il s'allier aux rares non-inscrits, ou aux 15 GDR du Front de gauche ? Faudra-t-il lâcher quelques concessions de plus aux écologistes dont l'un des députés, Noël Mamères réclame le départ du gouvernement avant l'automne ? Le contrat de gouvernement conclu avec les écologistes n'en deviendrait que très alourdi. Une majorité rétrécie renforce le poids des alliés potentiels. Dans le cas présent, on a peine à imaginer qu'une nouvelle alliance puisse s'arrimer à la gauche du PS à l'Assemblée nationale tant l'opposition arrimée autour de Jean-Luc Mélenchon demeure frontale et verbalement violente.
Alors ?