D'ailleurs, ça ne s'arrange pas. Ne nous dit-on pas de « travailler plus » ? The Economist, par exemple, le répète sans cesse. Or, Hannah Arendt oppose travail (physiologique) avec action (politique). Le propre de l’homme digne de ce nom est l’action, le politique. Le travail, c'est pour l’animal, « bête de somme », ou l’esclave, chez les Grecs. J'en arrive donc à me demander si l’on n'a pas voulu nous asservir. Et si, pour cela, on s'était emparé du politique, fonction de direction, en nous rejetant dans les fonctions d’exécution ? Pour réussir, ne suffisait-il pas d’appeler « travail » l’action politique favorable aux intérêts de l'élite, et « oisiveté », la nôtre ? Mais, comment créer une société sans esclaves ?
- Faire accéder tout le monde au politique. C’était probablement l’idée de la IIIème République. La mission de l’Education nationale. Mais, je ne suis pas sûr que ce soit suffisant. Si j’en juge par ma propre expérience, développer une conscience politique demande énormément de temps (une vie). Et il est difficile d’agir correctement : je découvre sans arrêt que ce que je croyais était faux.
- Seconde idée : « changer pour ne pas changer ». Trouver un moyen d’amener la société à se développer d’une façon à ce que la tentation de parasitisme du politique par l’intérêt particulier soit mise au profit de la société. Il n’est pas impossible que c’ait été le cas après guerre. Alors, le développement économique était tel que l’utilitariste avait mieux à faire dans l’entreprise que dans la politique.