L’Europe centrale est depuis quelques jours sous les eaux. En effet, des milliers de personnes ont fui leur domicile par crainte des inondations historiques dans l’Est de l’Allemagne. Les crues-record ont fait au moins 12 morts depuis cinq jours, dont huit en République tchèque. La situation était particulièrement tendue en Bavière et en ex-RDA, où plusieurs villes étaient déjà sous les eaux ou menacées d’être inondées. Au Burkina et ailleurs, les effets des changements climatiques sont vécus au quotidien par les populations. De la chaleur torride en passant par des saisons pluvieuses qui débutent difficilement et des pluies accompagnées de forts vents, chacun de nous vit actuellement à sa façon, les effets du dérèglement climatique. Pendant ce temps, les Etats paassent le temps à participer à des sommets et à des négociations à n’en pas finir qui débouchent la plupart du temps à des résultats mitigés. Cette situation a conduit l’Agence internationale de l’énergie (AIE) à appeler le lundi 10 juin 2013, les Etats à mettre en œuvre sans tarder quatre mesures en matière d’énergie qui pourraient sauver, selon elle, l’objectif de contenir le réchauffement de la planète de 2 degrés, qui s’éloigne dangereusement. Dans un rapport sur la problématique énergie-climat, l’AIE a confirmé ses mises en garde précédentes sur la question du réchauffement.
"Si nous continuons sur la trajectoire actuelle, l’augmentation de la température ne sera pas de 2 degrés mais de 5,3 degrés, ce qui aurait des conséquences désastreuses en termes d’évènements climatiques extrêmes, d’élévation du niveau de la mer et entraînerait d’énormes coûts économiques et sociaux", a prévenu la directrice générale de l’AIE, Maria van der Hoeven, lors de la présentation du rapport lundi à Londres. Pour revenir dans les clous de cet objectif, l’AIE, propose quatre séries de mesures, qui permettraient de réduire de 3,1 gigatonnes les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2020, soit 80% des économies recherchées par l’objectif de 2 degrés. Ce scénario, baptisé "4 pour 2°", ne devrait pas avoir d’impact négatif sur la croissance économique et s’appuie uniquement sur des technologies existantes et déjà mises en œuvre avec succès dans plusieurs pays. Le premier paquet de mesures, qui pèse pour la moitié des réductions d’émissions envisagées, consiste à multiplier les efforts d’efficacité énergétique dans le bâtiment, les transports et l’industrie. Leur coût étant plus que compensé par les économies d’énergies réalisées, selon les projections de l’agence.
Deuxième proposition : limiter l’utilisation et la construction de centrales électriques à charbon à bas rendement, extrêmement polluantes, et augmenter le recours au gaz et aux énergies renouvelables.
La troisième piste consiste à réduire les rejets de méthane (autrement dit de gaz naturel non brûlé, à fort effet de serre), de l’industrie pétrolière et gazière.
Enfin, l’AIE appelle à supprimer graduellement les subventions à la consommation de carburants fossiles en place dans de nombreux pays. Selon les calculs de l’agence, si les Etats ne décidaient pas d’agir dès maintenant pour respecter la cible des 2 degrés, ils économiseraient 1.500 milliards de dollars mais ils leur en couteraient alors 5.000 milliards à partir de 2020 pour atteindre le même but. Par ailleurs, l’accord conclu entre les Etats-Unis et la Chine, le samedi 8 juin 2013, pour mener un effort commun contre les changements climatiques, en ciblant plus particulièrement les hydrofluorocarbones (HFC), des gaz industriels redonnent de l’espoir. "Une limitation globale des HFC pourrait potentiellement réduire de 90 gigatonnes les émissions en équivalent de CO2 d’ici à 2050, soit environ l’équivalent de deux ans d’émission de tous les gaz à effet de serre", assure la Maison Blanche.
Les HFC sont utilisés dans la réfrigération, la climatisation et pour des applications industrielles.
Raphaël KAFANDO