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Laure Albin Guillot, la photographie et l’Histoire

Publié le 28 avril 2013 par Pantalaskas @chapeau_noir

Réputation, notoriété, postérité sont des mots fragiles pouvant décrire des histoires personnelles diverses, contrastées. L’exposition consacrée à la photographe Laure Albin Guillot au Jeu de Paume à Paris permet de mettre en perspective ces mots avec une autre histoire, celle de la photographie.

« L’enjeu classique »

Laure Albin Guillot, la photographie et l’Histoire
Alors que Man Ray révolutionne la photographie à Montparnasse dans les années vingt  et trente, Laure Albin Guillot  promeut « une forme de classicisme et un « style français »  à contre-courant de la modernité et des avants-garde de l’époque ».
Cette approche de la photographie sera confortée par un itinéraire professionnel, social  impressionnant,  jalonné de postes institutionnels, d’honneurs : membre de la Société des artistes décorateurs, de la Société Française de Photographie, directrice des archives photographiques de la Direction générale des Beaux-Arts (ancêtre du ministère de la Culture) et premier conservateur de la Cinémathèque nationale, présidente de l’Union Féminine des Carrières Libérales… Il ne lui manquait plus qu’une place à l’Académie, entrée impensable dans l'institution misogyne de l'époque.
Le Jeu de Paume donne l’occasion de découvrir les différents aspects d’une œuvre diverses et sa place dans la société de l’époque. Laure Albin Guillot, comme l’avait fait Nadar avant elle, reçoit dans son studio et photographie les personnalités des beaux-arts, de la musique, de la littérature :  Jean Cocteau, Paul Valéry, Colette, Anna de Noailles, Lucienne Boyer, etc…
Elle aborde également la photo de nu, s’attaque à la photographie publicitaire, expérimente, grâce à ses relations avec  Valery, Montherlant notamment,  le « livre d’artiste »  combinant littérature et photographie.

Micrographie

Laure Albin Guillot, la photographie et l’Histoire

Micrographie : Bourgeon de frêne(coupe) vers 1931 Laure Albin Guillot

C'est peut-être dans son investigation en direction de l'infiniment petit que se trouve, me semble-t-il, la voie la plus originale de Laure Albin Guillot. Replacée dans le contexte de l'époque, au début des années Trente, cette relation entre art et science positionne le travail de la photographe dans une recherche novatrice qui tendrait presque la main aux avant-gardes d'une photographie abstraite puisant ses racines chez Moholo-Nagy. Mais la photographe française s'en tient à une approche qui se veut réaliste. Les planches de diatomées, minéraux végétaux saisis au microscope ont une vocation  résolument décorative, destinée à être "déclinées en papier peinte, soieries, reliures et objets divers".

Si bien que, malgré cette carrière imposante, impressionnante,  en dépit de sa notoriété de l'époque, on peut se demander si Laure Albin Guillot n'est pas passée, d'une certaine façon, à côté de l'histoire, cette histoire de la photographie où les Man Ray, André Kertész, Florence Henry, pour ne citer que quelques noms, ont écrit les pages d'une aventure nouvelle où l'enjeu était de proposer un regard non conventionnel  sur le monde et ses contemporains, cet "oeil nouveau" évoqué dans la récente exposition du Centre Pompidou : «Voici Paris - Modernités photographiques, 1920-1950 ».

Laure Albin Guillot, (1879-1962)
"L'enjeu classique"

Du 26 février au 12 mai 2013
Jeu de Paume Paris


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