Budapest, 23 mai. Dans l’imposant bâtiment du Ludwig Muséum le vernissage de l’exposition « This must be the place » ouvre les somptueuses salles du musée au photographe Pieter Hugo. Né en 1976 à Cape Town en Afrique du Sud le photographe travaille principalement dans le portrait, avec ici l’accent mis sur les communautés africaines.
Musée Ludwig Budapest
Ce vernissage est surtout l’occasion d’évoquer la situation de cette institution aujourd’hui en Hongrie.
La « Ludwig Foundation »
En 1988, Irène et Peter Ludwig ont initié la « Ludwig Foundation » en Hongrie et, en 1989, un accord formel sur la base d’un « Musée de Ludwig Budapest » a été signé par le ministre culturel de l'ancienne République populaire de la Hongrie et le Ludwigs. Le musée a été d'abord placé dans une aile de l'ancien Palais Royal. Le complexe entier rassemble maintenant un certain nombre de collections publiques, y compris la Galerie nationale, la Bibliothèque nationale et le Musée Historique de la Ville de Budapest. Depuis le début de mars 2005 le Musée de Ludwig a trouvé sa place dans la toute nouvelle construction du Palais d'Arts sur la rive de Danube. Le Musée de Ludwig Budapest est le premier Musée d'art contemporain hongrois avec une collection vraiment internationale. Il permet de confronter le pop art américain aux contemporains hongrois des années soixante. De même, la juxtaposition de « la Nouvelle Peinture d'allemand" avec des œuvres de la "Transvangarde" et les artistes hongrois des années 1980 participe à cette même confrontation. La nouvelle réalisation architecturale du musée Ludwig offre un écrin remarquable pour abriter ce projet ambitieux alors que, dans le même temps, les moyens dont disposent l’institution posent problème.
"Unis pour l’art contemporain"
Dans la Hongrie actuelle la vie du Musée Ludwig n’échappe pas aux tensions, aux contraintes peu propices au développement serein de ce beau projet.
Certes les oppositions de pouvoir existent dans plus d’une institution culturelle dans quelque pays que ce soit. Ici, le contexte semble plus difficile encore. Quand le contrat du directeur Barnabas Bencsik a expiré à la fin de février 2013, le ministère hongrois de Ressources Humaines (qui est aussi responsable de la culture) a mis en place un comité pour suggérer un successeur à ce directeur populaire. Mais le comité a été critiqué pour sa composition (quatre des six membres sont nommés par le ministère), particulièrement après la proposition d’une nouvelle directrice Julia Fabenyi relativement inconnue.
« Le fonctionnement d'administration publique hongroise manque de la transparence et, pour cette raison, ne sert pas les besoins de ses citoyens » dit un groupe de protestation dans une déclaration.
Lors du vernissage de l'exposition Pieter Hugo, dans le calme retrouvé, tous les protagonistes étaient présents: l'ancien directeur, la nouvelle directrice, les représentants politiques de la culture. Au-delà de la présentation même de cet évènement faite par les commissaires de l'exposition, la scénographie de ces discours croisés exprime toute l'ambiguité d'une situation dans laquelle pouvoir politique et initiative culturelle se retrouvent dans une situation délicate, le tout avec un acteur supplémentaire: la Ludwig Foundation.
La liberté est un bien précieux pour ce lieu majeur de la culture à Budapest, précisément dans ce lieu : “This must be the place”.
Photo musée: de l'auteur
Pieter Hugo "This must be the place"
24 mai au 11 aout 2013
Ludwig Museum Budapest / Museum of Contemporary Art
Palace of Arts
Komor Marcell u.1
H - 1095 Budapest / Hungary