Comme vous le savez peut-être, le Gouvernement grec a décidé, ce mardi 11 juin au soir, de couper les télévisions publiques ; et ce avec d'autant plus de brutalité que l'annonce n'avait été faite que quelques heures auparavant, avec donc aucun préavis ni côté employés, ni côté spectateurs.
Prévue pour minuit pile, les lumières se sont éteintes en fait pendant le journal de la nuit, pour une durée indéterminée.
Littéralement PENDANT :
Je voulais donc vous toucher un rapide petit mot sur les conséquences, dans le monde des téléphages grecs, de cet arrêt.
Voici donc un tour des séries qui ont ainsi été annulées, de fait, sur le sol grec. Attention, mon Grec moderne étant fané, il est possible qu'il manque quelques séries diffusées à la télévision publique.
Mais avant cela, un petit rappel : la télévision publique grecque, c'étaient 5 chaînes de télévision : ET1, NET, ET3, ERT HD (dédiée à l'évènementiel... en HD, donc), et enfin Vouli TV (la chaîne parlementaire).
Peu de ces chaînes, en réalité, diffusaient des séries, à la fois par vocation de service public, et aussi parce qu'on ne peut pas vraiment dire que l'investissement dans la fiction ait fait partie des priorités budgétaires ces derniers temps. Plus flexibles, les films ont, en fait, remplacé beaucoup de séries grecques sur les chaînes ; du côté des chaînes privées, on a d'ailleurs fortement mis l'accent sur les séries turques : ça ne coûte pas trop cher et, comme on a déjà eu l'occasion de le dire en évoquant Muhtesem Yüzyil, ça marche très bien.
Mais sur les chaînes publiques, de série turque, il n'était pas question : on a sa fierté, fût-elle mal placée. Avant l'extinction des feux, les spectateurs pouvaient donc suivre quelques séries grecques (généralement des rediffusions) ou étrangères (mais pas turques !) ; voici donc le bilan des dégâts.
Ces grilles en disent d'ailleurs long sur l'état de la fiction publique ces derniers temps...
- La série grecque annulée de fait :
- Séries étrangères annulées de fait :
Sur une note plus sérieuse, il est à noter que pendant plusieurs heures après l'arrêt officiel de l'audiovisuel public, le personnel de la chaîne NET a continué de travailler, diffusant des programmes sur le site internet de la chaîne ; tous les sites internet de la télévision publique ont ensuite été coupés dans la matinée.
Dans l'histoire, 2600 Grecs travaillant pour l'audiovisuel public, dont 600 journalistes, se retrouvent ainsi au chômage du jour au lendemain.
Le Gouvernement a indiqué avoir des plans pour relancer une télévision publique quand ça ira mieux, sous une forme plus humble et avec beaucoup moins de personnel ; quand cette nouvelle entité prendra vie, et il n'y a évidemment pas de calendrier, il sera permis aux anciens employés de postuler pour les rares nouveaux postes. Je n'ai pas compris si, avec cette déclaration, le Gouvernement grec joue à l'idiot, ou s'il est carrément en train de troller 2600 nouveaux chômeurs...
Hier, en signe de solidarité, les chaînes privées de Grèce ont coupé leur antenne pendant 6 heures, et de nombreuses émissions en direct ont été annulées aujourd'hui, remplacées par des rediffusions et des documentaires.
Une grève de 24 heures a été annoncée par le syndicat des employés de l'audiovisuel public pour demain, dans laquelle la plus grande organisation syndicale privée a annoncé qu'elle se joindrait au cortège. Cette grève, reconductible de façon indéfinie, s'étendra jusqu'à la presse grecque papier et en ligne.
Ce qui se passe en Grèce (et en Espagne et au Portugal et...) est proprement ignoble.
Égorger le service public audiovisuel d'une manière aussi spectaculaire en est une preuve supplémentaire...
Pauvres Grecs! Pauvre Europe!!!