J’ai voté François Hollande. C’était une évidence pour moi, j’ai toujours voté à gauche. (Ne fuis pas lecteur!) Ce cher François avait l’air d’attacher une place particulière à la culture, à la création artistique. Il l’avait dit. "Je veux soutenir l’accès à la culture et la création artistique". Ce sont ses mots. Oh joie, on ne dira plus que la culture c’est un truc de bobos parisiens. J’imaginais déjà des concerts et des spectacles moins chères, des places de cinéma qui ne coûteraient plus un bras et demi… Déception. Un an après son élection, quelques casseroles plus ou moins grosses et il n’y pas vraiment d’améliorations (merci quand même pour le mariage pour tous, c’est un peu l’arbre qui cache la forêt desséchée). Et la culture morfle sévère.
OK, on le sait, les caisses sont vides et dès lors qu’il faut faire des économies, on coupe d’abord dans la culture. Merde, c’est vrai quoi : à quoi ça sert en vrai la culture ?
Donc le budget en baisse culture est en baisse, on laisse tomber la création du Centre National de la Musique et on supprime progressivement les émissions culturelles et musicales sur les chaines de télévisions : Taratata, Hebdo Musique Mag, CD’Aujourd’hui supprimés par France Télévision (Le Pont des Artistes et Sous les étoiles exactement évincés de la grille de France Inter). Comme ça, on est sûr désormais que la télévision, en France, c’est une succession de programmes débiles et abrutissantes sans aucun intérêt : des realityshow avec des bimbos, des pseudos enquêtes criminelles menées par Morandini, le plus grand journaliste de France, des émissions promos où seront seulement invités Tal, Sexion d’Assaut M Pokora, Jenifer et Patrick Sébastien à la baguette de son cabaret pour ménagère de plus de 65 ans.
La musique n’a donc plus sa place à la télévision ? Un programme comme CD’Aujourd’hui permettait aux artistes émergents, pas forcément signés sur un gros label, de se faire connaître, de sortir de l’ombre. Taratata, malgré tous ses défauts (et Dieu sait qu’il en avait) leur offrait également une petite fenêtre d’exposition… En les supprimant, c’est cette petite fenêtre qu’on leur enlève. Et c’est le fossé entre grand public et public indé qu’on creuse un peu plus. Pour le mec qui aime la musique, Taratata lui importe peu. Les nouveautés, il va les chercher lui-même, passe des heures sur internet, visite des centaines de bandcamp pour écouter des EPs disponibles uniquement en digital. La meuf, celui qui n’écoute de la musique qu’occasionnellement chez elle, après une journée de boulot, le soir, elle allume sa télé, tombe sur Touche pas à mon poste et un mec qui chante « Quand il pète il troue son slip ». Elle téléchargera le morceau, comme plus d’un million d’autres personnes, et en fera un n°1 Itunes… Imagine si, à la place il y avait eu un CD’Aujourd’hui avec Phyltre, Be Quiet ou AV dedans…