In a lonely place (bien mal traduit en français par Le violent) est un film de Nicholas Ray de 1950.
Dixon Steele, un scénariste d’Hollywood, alcoolique, en panne d’inspiration et violent ramène chez lui une jeune femme qu’on retrouvera étranglée quelques heures plus tard. Il est rapidement suspectée mais sa voisine, Laurel Gray, lui fournit un alibi. Ils tombent amoureux l’un de l’autre, mais très rapidement, Laurel commence à avoir peur des accès de violence de Steele et finit par le soupçonner d’avoir effectivement tué la jeune femme.
Nicholas Ray s’est souvent attaché à décrire des personnages en proie à leur colère comme Dixon Steele ici, Jim Wilson dans La Maison dans l’ombre (On dangerous ground) ou Jim Stark dans La Fureur de vivre (Rebel without a cause).
Nicholas Ray montre la violence d’une manière crue ; ainsi cette scène où Bogart explose car son script a déplu à son agent. A chaque scène de colère, est associé un rayon lumineux qui prévient le spectateur de ce qui va suivre. Ray préfère suggérer le déséquilibre, le moment où tout va basculer, que de le montrer.
Nicholas Ray montre avant tout des gens maîtres de leur destin. Lorsque Steele arrive à se contenir, il peut avoir des amis, une amie et écrire. Il est socialement intégré. Mais lorsque la folie le gagne, la haine de cette société qu’il méprise profondément, il devient profondément solitaire, perdu dans sa rage. A travers ses films, Ray montre sa défiance du rêve américain ; avec Le Violent, il n’hésite pas à lancer quelques piques envers l’industrie du cinéma qui l’a toujours considéré avec défiance.
Steele c’est un peu lui, à travers son alcoolisme, ses doutes, ses projets inachevés et sa mélancolie. D’ailleurs Laurel Gray est interprétée par Gloria Grahame, épouse de Ray dont il se séparera pendant le tournage.
Bogart était lui aussi parfait pour incarner ce rôle tant il lui collait à la peau dans les moindres détails. Dés la scène d’ouverture, où le personnage est rapidement campé, on comprend que Steele est Bogart et Bogart est Steele. des idéalistes, des alcooliques, des énervés. Dans un article sur Bogart, Humphrey and Bogey, Louise Brooks écrit : « Before inertia set in, he played one fascinatingly complex character, craftily directed by Nicholas Ray, in a film whose title perfectly defined Humphrey’s own isolation among people. In a Lonely Place gave him a role that he could play with complexity because the film character’s, the screenwriter’s, pride in his art, his selfishness, his drunkenness, his lack of energy stabbed with lightning strokes of violence, were shared equally by the real Bogart. »