Chers tous,
voici les dernières nouvelles, gravissimes, de Grèce:
Le gouvernement, se conformant ainsi aux ordres de la Troïka, a procédé soudainement, par simple décision coministérielle ayant force de loi, à la fermeture de la Radio Télévision Publique de Grèce.
Leur objectif officiel: conformément aux instructions de la Troïka, qui a fait remarquer que l'assainissement du secteur public avait pris trop de retard (les 2000 licenciements prévus immédiatement n'ayant pas tous été effectués), permettre le licenciement de TOUS les journalistes et autres personnels dont le statut était, jusqu'aujourd'hui, celui de fonctionnaires ou assimilés, à compter de la publication de la décision, lire: immédiatement.
En pratique, il s'agit d'un coup d'état (car la décision ministérielle ayant force de loi) qui met en péril la liberté d'information inscrite dans la Constitution Hellénique.
4 des ministres qui devaient signer cette décision ont refusé de le faire, mais la décision a tout de même été annoncée par le porte parole du gouvernement.
Les journalistes et personnels de l'ERT, présents dans les locaux de la rue Messogeion, ont annoncé qu'ils ne sortiraient pas des bâtiments, et diffusent des émissions en continu.
De nombreux citoyens se sont regroupés et continuent d'affluer devant les bâtiments de la Radio Télévision à Athènes, mais aussi en province.
D'importantes forces de l'ordre (les fameux MAT, équivalents des CRS français) ont été amenées derrière les batiments, comme également en province.
Les journalistes du privé, en signe de protestation solidaire, se sont déclarés en grève. La direction de l'ESHEA (organe syndical de la branche) a déclaré la branche tout entière en état d'urgence.
Il s'agit, nous sommes nombreux à le craindre, d'un coup d'éclat du gouvernement qui risque fort de dégénérer, et donne déjà tous les signes d'un véritable coup d'état.
Anoter: les bâtiments centraux d'ERT, qui abritent des studios et du matériel de haute technologie, seront confiés... au "Ministère de la Protection du Citoyen" (comprenez: le ministère de l'intérieur et du flicage). Cela ne peut que rappeler les heures noires de l'histoire pas si ancienne de la Grèce.
Je continuerai, tant que possible, à alimenter ce billet des dernières nouvelles.
Pour l'instant, merci de tout faire pour faire savoir ce qui se passe, et diffuser les infos que vous pourrez glaner, ici ou ailleurs.
Solidairement et avec détermination,
ml
mise à jour (21h50 , heure grecque)
La porte parole du Pasok déclare à l'instant à la télé que le Pasok demande le retrait immédiat de ce décret (les 2 ministres du Pasok et les 2 de la Gauche Démocratique ont refusé de signer ce décret, qui n'a été signé que par les ministres de la Nouvelle Démocratie).Elle souligne avec virulence le sérieux de la situation.
Notez que ERT diffuse dans le monde entier, et est regardée et écoutée par les millions de Grecs de la diaspora, qui se sont jetés sur leurs téléphones pour protester. C'est, aussi, une attaque contre la Grèce de la diaspora, plus importante en nombre que la population vivant sur le sol hellénique...
mise à jour (23h11):
La foule rejoint les bâtiments d'ERT et continue à affluer, l'avenue Messogeion (elle est grande) est désormais bloquée par le monde...
Les émetteurs sont déconnectés, un à un, en commençant par la province (Patras en premier).
Les syndicats, le KKE, déclarent maintenant leur solidarité.
mise à jour (minuit et deux minutes, mercredi 12 juin 2013)
le signal vient de se brouiller sur notre écran. Je vous invite à suivre les nouvelles sur le twit d'Okeanews, ou de patienter...
je vous salue, tous, le silence envahit notre monde, Christos triture les boutons du téléviseur, le vent souffle dehors, on a peur, et on espère, et on a peur, et on espère, et...
mise à jour (mercredi matin, 7h 30)
l'émission marathon des journalistes d'ERT qui avaient annoncé qu'ils resteraient à l'intérieur des locaux, et continueraient à diffuser, par tous les moyens, est, je crois, toujours retransmise par zougla (mais je ne peux pas le capter sur mon vieil ordi, et au boulot... je n'ai pas de son!)
Bref... on ne sait toujours pas à quoi ressemble la situation, et ce qui se passera dans les heures et les jours à venir... je suppose qu'il y a encore du monde devant ERT, mais je n'en sais rien non plus. Obscurité totale, quoi
et je me demande: comment se fait-il que Mediapart n'ait toujours rien en une, une simple brève, quelque chose, qui informe de ce qui s'est passé hier (en gros: un coup d'état sur l'info libre en Grèce, tel qu'il ne s'en est JAMAIS fait ailleurs, ni en Grèce, lors de la dictature...) et prévienne, ou tout du moins s'interroge sérieusement sur les suites possibles???