Le journal de Fabrice Neaud fait partie des incontournables de la BD autobiographique. L'auteur, malheureusement controversé pour sa vérité brute, réalise une fresque ambitieuse d'une honnêteté absolue.
Les couvertures des quatre journaux ne font clairement pas envie et ne rendent pas hommage au sublime dessin de Fabrice Neaud. Poétique, lyrique, il transcende la photographie. Les visages sont particulièrement réussis, ils transmettent une palette d'émotion et nous donnent l'impression d'être en face des protagonistes.
L'auteur analyse, fouille, prend acte. Parfois impudique, il rend le lecteur voyeur. L'amour à sens unique et la douleur qu'il engendre, les fantasmes, la solitude, la difficulté de se faire accepter en tant qu'homosexuel et auteur. La recherche d'identité, le manque d'argent, la relation à soi et aux autres, la violence extérieure et intérieure, celle qui ronge et qui freine.
Le sentiment amoureux est retranscrit avec brio et précision. De la drague la plus glauque à l'amour le plus pur. Sans aucun manichéisme, Fabrice Neaud est parfois insupportable et la plupart du temps extrêmement attachant. Terriblement humain. Sa force est de ne faire aucune concession dans la transmission de son journal cathartique.
Un chant d'amour, triste, beau et généreux. Fabrice Neaud donne tout avec une immense sincérité.
Ego comme X, 836 pages, 2011