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Jean-Luc Mélenchon : le socialisme, la vie, l'ivraie

Publié le 12 juin 2013 par Copeau @Contrepoints

Selon Jean-Luc Mélenchon, "personne n'aime les Allemands" car ceux-ci n'aiment pas la vie. Les socialistes, eux, aiment la vie, la vraie : celle qu'ils sacrifient.

Un billet d'humeur de Baptiste Créteur.
Jean-Luc Mélenchon : le socialisme, la vie, l'ivraie

Les socialistes sont humanistes, altruistes, de sympathiques génies qui ont compris avant tout le monde que les rapports de domination éloignaient l'homme de sa liberté réelle. À chaque fois que l'innovation, le talent et l'investissement d'un chef d'entreprise sont récompensés par la part des profits qu'il se verse ou permis par celle qui demeure dans l'entreprise, les travailleurs sont spoliés. Pire : ils n'ont pas le choix, car il faut travailler pour gagner sa vie ; les chômeurs sont là pour assurer des bas salaires.

À moins qu'ils ne soient d'immenses abrutis qui ne comprennent pas que chaque produit ou service incorpore une part d'esprit humain, d'intelligence, de réflexion. Que le profit n'est pas la résultante de l'exploitation des travailleurs, qui ont choisi librement de signer un contrat de travail précisant tâches et rémunération. Et que la liberté ne peut s'appliquer qu'à l'action, garantir que personne ne peut interférer tant que les droits individuels d'autrui ne sont pas menacés mais en rien garantir qu'on donnera à chacun les moyens de "faire valoir ses droits".

Personne ne peut exiger qu'on lui donne les moyens de faire valoir sa liberté d'expression en lui accordant un passage télé ou radio. Jean-Luc Mélenchon n'en a pas eu besoin ; c'est librement qu'il a été invité pour dire que personne n'a envie d'être Allemand. Et pourquoi n'aurions nous pas envie d'être Allemands ?

Tout simplement parce que les Allemands n'aiment pas la vie. C'est une évidence.

On est quand même contents d'avoir des gosses. Dans quinze ans, nous allons être plus nombreux que les Allemands. Les Allemands, c'est un modèle pour ceux qui ne s'intéressent pas à la vie. [...] Mais, pour ceux qui s'intéressent à la vie, personne n'a envie d'être allemand. Ils sont plus pauvres que la moyenne, ils meurent plus tôt que les autres, ils n'ont pas de gosses, et leurs immigrés foutent le camp parce qu'ils ne veulent plus vivre avec eux, c'est dire.

Ben voyons. Les Allemands sont plus pauvres ? Même en se cantonnant au PIB par habitant, et sans tenir compte de la surévaluation du PIB français, l'Allemagne est au-dessus de la France. Bon. Ils meurent plus tôt que les autres ? Statistiquement, un peu plus jeunes qu'en France, mais le résultat est tout autre si on s'intéresse à l'Allemagne de l'Ouest. En Allemagne de l'Est, l'espérance de vie est bien moindre ; on ne rattrape pas en l'espace de vingt ans les méfaits de plus de soixante ans de socialisme. Je dis plus de soixante ans parce qu'il ne faudrait pas oublier que le nazisme était un socialisme, un de ces socialismes qui aiment la vie, comme les aiment monsieur Mélenchon.

Les socialistes aiment la vie, pas les Allemands. Les socialistes aiment la vie des uns avec l'argent des autres. La mairie de Paris n'hésite pas à s'engager pour lutter contre le SIDA en Afrique, sans se demander si c'est bien son rôle : tant que la cause est louable, la fin justifie les moyens. Peu importe que les gens soient d'accord, on choisit à leur place pour leur bien.

D'ailleurs, les socialistes sont altruistes. Tant que quelqu'un aura faim, personne n'aura le droit de manger plus que le strict nécessaire. À chacun selon ses besoins, ou selon ses désirs. Il ne faudrait pas que ceux qui gagnent moins ne puissent pas jouir des mêmes plaisirs matériels que les autres, il ne faudrait pas que les individus ne puissent satisfaire que les désirs qui sont à leur portée. Tout désir est légitime, et c'est aux autres de réaliser les autres pour vous, sauf si vous pouvez le faire vous-mêmes.

Les socialistes aiment la vie, ils sont cannibales. C'est pour ça qu'ils n'aiment pas les Allemands qui, de temps en temps, affirment qu'on ne peut pas demander trop de sacrifices aux individus et entreprennent de réformer l’État-providence. Quand on aime la vie comme un socialiste, on demande à ceux qui peuvent vivre leur vie eux-mêmes d'y renoncer. On commence par leur demander de renoncer aux fruits de leur travail ; après tout, ils ne sont pas seuls au monde, ils ne peuvent pas être seuls à mériter leur fortune. Puis, on leur demande d'abandonner leur volonté, leur responsabilité ; après tout, ils font partie du collectif, de l'espèce humaine, et l'égalité matérielle ne sera jamais atteinte si on leur demande leur avis. Puis, leurs valeurs et leur intégrité ; après tout, agir selon ses propres principes est individualiste et petit-bourgeois.

Quand on est prêt à sacrifier l'individu, ses aspirations, ses rêves, ses ambitions ; à le priver de la possibilité de les réaliser par lui-même pour donner à d'autres de quoi succomber à leurs caprices et fantaisies ; à ériger des monuments à la gloire de la nation ou de la classe ouvrière, sans s'apercevoir que les plus beaux monuments sont l'édifice d'une vie, pas le sacrifices de millions de vie ; alors, on n'aime pas la vie. Les socialistes n'aiment pas la vie. Jean-Luc Mélenchon n'aime pas la vie.

Dans ses principes, le socialisme est prêt à sacrifier quelques vies au sens de l'histoire, à écraser les rêves sous le poids du collectif, à jeter la création et l'échange en pâture aux parasites et aux pillards. Dans les faits, il les amène à la mort – parfois lentement, toujours sûrement. Quand sacrifier ce qui fait d'une vie autre chose que de la chair et des os ne suffit plus, l'avant-garde du bonheur pour tous exige de la sueur, puis du sang.


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