Titre original : Star Trek Into The Darkness
Note:
Origine : États-Unis
Réalisation : J.J. Abrams
Distribution : Zachary Quinto, Chris Pine, Benedict Cumberbatch, Zoe Saldana, Alice Eve, Simon Pegg, Karl Urban, John Cho, Anton Yelchin, Bruce Greenwood, Peter Weller…
Genre : Science-Fiction/Aventure/Action/Adaptation/Suite/Saga
Date de sortie : 12 juin 2013
Le Pitch :
De retour d’une mission mouvementée, Kirk, Spock et tous les membres du vaisseau Enterprise doivent faire face à une menace d’un genre nouveau. Un ancien membre de Starfleet, redoutablement intelligent et machiavélique, a décidé de semer le chaos au sein même de l’organisation. Attaquée et affaiblie, Starfleet décide de contre-attaquer et d’envoyer l’Enterprise débusquer le renégat qui s’est enfuit aux confins de la galaxie. Commence un périlleux voyage pour la flotte du Capitaine Kirk. Une aventure aux enjeux décisifs pour la maintien de la paix…
La Critique :
Retour du mythique équipage et du non moins mythique vaisseau Enterprise, dans leur dernière mise à jour, toujours pilotée par J.J. Abrams. Catapulté sur le trône de la science-fiction au cinéma depuis le succès de son reboot de Star Trek, en 2009, mais surtout depuis qu’il a été choisi pour réaliser le nouveau Star Wars, Abrams revient sur l’Enterprise, en s’attachant les services d’un emblématique méchant. Khan fait alors son entrée, par la grande porte et, qu’il en soit remercié, dynamise et épaissit de manière considérable un film en tout point supérieur à son prédécesseur.
Suffit-il alors d’un seul personnage, plein de noirceur, ambigu, calculateur et charismatique pour hisser vers les sommets du genre, la suite d’un reboot certes tout à fait honorable et divertissant, mais un peu trop consensuel et prévisible ? En partie oui. Star Trek Into Darkness est une réussite grâce à son méchant. Oui, on le sait, le méchant fait beaucoup. Quand le bad guy est aux fraises, le film en pâti souvent, ce qui n’est pas le cas ici. Surtout quand il est interprété par un type aussi brillant que Benedict Cumberbatch (vu dans La Taupe, Le Hobbit ou encore dans la série Sherlock). La voix, la présence, le regard et la façon de se mouvoir de Cumberbatch insufflent une noirceur pesante bienvenue, dans un univers trop codifié pour surprendre. La performance se doit d’être saluée, même si malheureusement, le film n’utilise pas toujours cette force brute à sa juste valeur.
N’oublions pas où on se trouve, à savoir dans un blockbuster qui se doit être le plus fédérateur possible. Consensuel et familial, Star Trek refuse d’être trop violent, trop grave et donc trop adulte. Alors que la bande-annonce laissait percer l’espoir d’assister à un show dantesque aux enjeux se plaçant dans la lignée de la trilogie The Dark Knight -qui a offert au public une alternative aux blockbusters trop consensuels- le film se positionne au final dans l’orbite de ces divertissements en somme tout assez lisses et prévisibles. Comprenons-nous bien : ceci n’est pas forcement un défaut. Le fait que les enfants puissent regarder Into Darkness sans se payer par la suite une nuit riche en cauchemars est en soi, une bonne chose. Le truc c’est qu’aujourd’hui, des œuvres comme Game of Thrones, et The Dark Knight Rises ont souligné la possibilité de proposer quelque chose de spectaculaire, mais aussi de profondément adulte. Une tendance qui a toujours existé, mais qui aujourd’hui, à l’heure où la censure formate un maximum d’œuvres pour les rendre acceptables au plus grand nombre, est peut-être plus appréciée par une audience plus mature et plus habituée aux grosses ficelles qui régissent depuis la nuit des temps le cinéma grand public. En cela, Into Darkness a un peu le cul entre deux chaises et Abrams semble en être conscient. Compte tenu des circonstances et des limites imposées, on ne peut que saluer son boulot.
Car, dans son genre, Star Trek Into The Darkness est une réussite. En bon blockbuster soigné et grandiose, le long-métrage d’Abrams est d’une générosité salutaire. On peut ainsi y trouver un max d’action, de belles nanas dont les courbes avantageuses sont superbement mises en valeur par des uniformes tout à fait avantageux (Alice Eve et Zoe Saldana), de l’humour, de l’aventure, du suspense et un soupçon de drame.
Film somme étudié pour cartonner, le nouveau Star Trek est une bête de guerre aux proportions XXL. J.J. Abrams sait précisément ce qu’il fait et il le fait bien. Désormais rompu aux codes inhérents à l’univers complexe et passionnant de Star Trek, le super geek se balade, et nous avec. Quitte à parfois charger la mule. Comme avec ses fameux lens flares (ces vifs éclairs de lumière bleue), trop envahissants au point de masquer le visage des comédiens lors de moments clés, ou bien dans cette tendance à faire du personnage de Simon Pegg, un agent comique bien trop surexcité pour être honnête. Dommage, car Pegg est un génie de la comédie. Un génie mal employé, réduit à une succession de gimmicks rarement drôles et souvent encombrants.
À vrai dire, il est plus facile de lister les personnages véritablement et intégralement réussis du film que ceux qui pêchent par leur faculté à embrasser des clichés trop voyants. Dans cette logique, Kirk est le héros vertueux avec tout ce que cela sous-entend. Ses actions deviennent téléphonées, comme globalement celles de certains autres des personnages clés de l’histoire. Certains, mais pas tous. Spock, pour sa part prend une amplitude bienvenue. Et la bonne nouvelle, c’est qu’il déteint sur ses congénères qui, à son contact, gagnent en nuances. Kirk y-compris -on y revient- dont la relation avec le célèbre vulcain est plus que jamais intéressante et en outre, remarquablement exploitée dans la dynamique profonde de l’œuvre.
Space-opera plein de souffle, porté par la mise en scène ambitieuse d’un réalisateur en pleine possession de ses moyens, Star Trek Into Darkness est avant tout un tour de force visuel indéniable. Le voir s’apparente à monter dans un manège offrant de nombreuses sensations fortes. La 3D est remarquable, que ce soit aux confins de l’espace ou encore dans le dédale des vaisseaux, où est soulignée l’impression de profondeur et de relief. Peut-être moins crépusculaire que prévu, cette suite ne se ménage pas et possède tout ce que l’on est en droit d’attendre d’un blockbuster grand public. La coupe est pleine et c’est appréciable. Abrams gère à merveille le rythme frénétique et ne se perd jamais. Y compris quand le scénario pêche par des retournements de situation un poil incongrus. Et d’ailleurs, à ce sujet, les détracteurs de Prometheus ne se priveront certainement pas pour faire le lien entre les deux films, via la présence au scénario sur les deux projets du très controversé Damon Lindelof.
On peut rêver de ce que pourrait donner un tel film sans les artifices propres à ce genre de divertissements aux enjeux commerciaux très forts. On peut rêver mais au fond, la réalité a quand même une sacrée gueule. En restant dans les limites, J.J. Abrams réalise un vrai bon film. Un film fidèle aux idéaux de la série originale, naïf et palpitant, qui confirme à quel point Abrams, demeure l’un des héritiers des grands faiseurs d’images populaires des années 80/90. L’une de ses principales prouesses étant finalement de parvenir à unir les néophytes et les Trekkies, le temps d’une aventure fantastique , la tête dans les étoiles. En bref, un bel hommage à Gene Roddenberry qui, il y a de cela une cinquantaine d’années, créa le grand cirque Star Trek en cherchant à titiller Flash Gordon sur son propre terrain…
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Paramount Pictures France