- Droit
- Philosophie politique
Classiquement, voici deux notions proches l'une de l'autre. On évoque ainsi souvent le cas de la France pendant l'occupation, et la lutte entre Pétain et De Gaulle. Or, il me semble que cette question de la légalité et de la légitimité dépasse ces simples exemples historiques.
En effet, nous observons sans cesse un excès de légalité, et surtout un abus de cette légalité. Quelques exemples viennent à l'esprit.
L'affaire PRISM et Verizon (que j'ai évoqué hier soir sur Public Sénat) : selon les autorités américaines, ces interceptions sont "légales". Et pourtant, elles choquent puisqu’elles atteignent la vie privée, et donc une certaine liberté individuelle. Légal, mais pas forcément légitime.
L'optimisation fiscale : un article du Monde nous apprend que Jersey est le plus grand exportateur de bananes de l'UE. Cela par la grâce de l'optimisation fiscale. Celle-ci n'est pas "illégale", ce n'est pas de la "fraude". L'optimisation consiste à utiliser toutes les ressources de la loi pour éviter de payer des impôts. Ainsi, Facebook ou Amazon... Légal, mais illégitime, bien sûr.
Turquie, manifestations brutalement réprimées par le pouvoir de M. Erdogan (nous reviendrons, quelque jour, sur cette question turque). Motif : je suis légalement élu. Légal, mais avec une attitude pas forcément légitime.
Ainsi, la loi pose problème. Faut-il constater l'explosion de la loi, et la moindre confiance qu'on lui apporte ? Plus il y a de loi, moins elle paraît légitime.
Est-ce un hasard si l'on voit poindre un débat sur l'objection de conscience ?
Réf : un premier billet en mai 2011 portait déjà ce titre, signe que le sujet ne passe pas....
O. Kempf