Si vous avez cru reconnaître quelques points communs avec des romances paranormales à la mode en ce moment, ce n’est que lointaine ressemblance. Loin de tout romantisme et de tout fantastique, cette histoire repose sur des relations charnelles assez triviales et sur une horreur pure. Dans l’humour noir et le cynisme, avec un ton relâché, ce livre est un plaisir d’ironie mordante et de personnages pas sages. J’ai adoré la description des relations avec les personnages surnaturels, imaginer Daisy enfiler une doudoune pour rejoindre son amant au lit tant il dégage de froid. La lecture est donc très dynamique et très plaisante, d’autant plus que Daisy est la narratrice de cette histoire dans laquelle elle s’adresse à Truc à la deuxième personne.
Mais derrière ce surnaturel un tantinet trash, une véritable intrigue policière se noue, tout aussi sombre que l’intrigue fantastique. On découvre un père accusé, après la séparation d’avec sa femme, d’avoir enlevé, violé ses propres enfants avant de se suicider devant eux. Cela fait beaucoup tout de même, et ressemble beaucoup à un complot de la mère avec son psychiatre d’amant pour retirer les enfants à leur père. Les enfants pourraient-ils eux-mêmes avoir des choses à révéler?
J’ai beaucoup aimé le personnage de Daisy. Sa franchise d’abord: elle n’hésite pas à vanter les mérites du sexe surnaturel, malgré les petits désagréments qui peuvent survenir autour (qu’il s’agisse d’un bon rhume ou d’une mère qui confond son amant avec un papillon nuisible). Son culot aussi: pour mieux enquêter sur la vie de Truc, elle n’hésite pas à se faire embaucher comme baby-sitter des enfants pour leur tirer les vers du nez. Mais Daisy est aussi une grande affectueuse, qui ne laisserait rien blesser son Truc qu’elle chouchoute autant qu’elle le peut.
Cette histoire courte est suivie par une autre, Nous ne méritons pas les chiens, non moins cynique et dérangeante: une jeune femme dans un hôpital psychiatrique, à quoi peut-elle bien penser? Qui a bien pu l’envoyer là, elle qui ne vivait que par son malheureux petit chien tué par un chauffard et qui avait pour voisine une prostituée qui cache son fils dans un placard? Il y a bien de quoi devenir dingue dans une histoire pareille, au point que la réalité de l’hôpital et le procès des responsables qui se déroule dans sa tête se confondent en permanence. J’ai tout simplement adoré comment les personnages passent d’un niveau à un autre, y compris le chien qui témoigne et la Destinée qui s’insurge qu’on tente de la modifier. Humour noir et drame poignant au rendez-vous.
La note de Mélu:
Drôle, noir, touchant et dérangeant. J’ai adoré. Un grand merci à Louve du Forum
Un mot sur l’auteur: Anne Duguël a aussi écrit sous le nom de Gudule. Elle est connue pour ses romans pour enfant et pour ses romans d’horreur. D’autres de ses romans sur Ma Bouquinerie: