Ce test contient des spoilers (hélas nécessaires) sur l'intrigue, il a été effectué sur la version XBOX360 du jeu
Que deviendrait l'humanité si l'on pouvait se débarrasser à loisir des souvenirs honteux ou trop douloureux ? Que se passerait-il si les souvenirs devenaient un bien consommable au même titre que le tabac ou l'alcool, si l'ont pouvait "s'injecter" un souvenir heureux pour se remonter le moral et faire commerce de ses propres moments de joie ? Qu'adviendrait-il d'un monde ou la mémoire de tout un chacun est accessible, piratable et modifiable à loisir ?
C'est sur ces questions que se base Remember Me, le premier jeu des petits français de chez Dontnod, une histoire qui dépeint une société futuriste mais qui n'est pas sans ramener aux aspects les plus sombres de l'être humain.
Le réveil est dur pour Nilin : le seul souvenir qu'il lui reste au commencement de l'aventure est son prénom, le reste n'est que vagues bribes. Perdue, hébétée, elle avance en titubant sans savoir où ni même pourquoi. C'est au moment ou l'ont s’apprête à détruire définitivement ce qu'il reste d'elle qu'une voix intervient, directement dans sa tête, Edge, puisqu'il se nomme ainsi, l'aide à s'échapper de la prison ou elle était enfermée et torturé, commence alors une quête à la recherche de ses souvenirs perdus mais aussi de vengeance envers ceux qui ont tenté de la réduire à néant.
Si l'on ne sera pas bluffé par les graphismes peu impressionnants de la cinématique d’introduction ou par la modélisation des personnages en jeu l'étonnement sera de mise lorsque l'on arrivera pour la première fois dans la majestueuse Néo-Paris, une citée entre grandeur et décadence. Tirant parti de l'architecture actuelle de la capitale française et d'inspirations futuristes variée comme Blade Runner, Mass effect, Mirror's Edge ou encore Le cinquième élément. Le décors fourmille de détails et certains points de vue surélevés nous permettent de contempler des quartiers partagés entre architecture haussmannienne, néons colorés et drones volants.
Malheureusement le plaisir laisse place à la frustration face à un level design très "couloir" on voudrait pouvoir explorer ce magnifique terrain de jeu mais c'est impossible, pour une fois j'aurais été favorable à un monde ouvert ou au moins semi-ouvert (à la Dishonored) mais ce n'est pas le cas ici, si jamais deux chemins s'offrent à vous c'est qu'il y a un secret au bout de l'un d'eux ! Le trajet à suivre est énormément balisé, des indications oranges vous indiquent sur quelles plate-formes vous pouvez grimper et quelles portes peuvent être ouvertes c'est dommage car cette linéarité casse l'immersion et freine un besoin irrépressible d'exploration face à la diversité et la magnificence de la ville dans laquelle on est plongée.
Si le scénario se paie tout de même Alain Damasio (La horde du Contrevent) j'en attendais plus : Déjà Nilin, même si elle émet parfois quelques doutes, se conforme bien gentiment à tout ce qu'exige Edge sans trop se poser de questions, même lorsqu'il s'agit de faire croire à son propre père qu'il l'a tuée et ça m'a beaucoup perturbée, certes elle cherche avant tout à retrouver ses souvenirs mais je la trouve cruellement fade et obéissante, hormis lors de quelques rares scènes. Le final à également été plutôt décevant bien moins surprenant que ce que laissait augurer le reste du scénario, beaucoup de questions reste en suspend et en même temps, si Dontnod à avoué déjà travailler sur un Remember Me 2 dans une interview donné pour le magasine JIDLI en début d'année, on peine à imaginer comment une histoire pourrait s'intégrer après un final tel que celui de Remember Me, à moins qu'il ne s'agisse d'une préquelle ? D'autres points scénaristiques m'ont gênés, par exemple lorsqu'on nous parle de la prison de la Bastille ou était enfermée Nilin au début du jeu, on nous explique que son principe est de retirer les souvenirs des détenus afin de les rendre malléables et inoffensifs, leurs souvenirs leurs sont rendus une fois leur peine purgée et ils oublient tout de leur séjour en prison... Quelqu'un peut m'expliquer l’intérêt de ce pénitencier au juste ? Franchement si on vous emprisonnait pour un quelconque larcin et que vous sortiez avec l'impression qu'une minute s'est écoulée depuis votre incarcération vous auriez retenu la leçon ? Ça vous empêcherait de récidiver ? Je ne crois pas...
Dommage après le soin apporté au scénario et la volonté de nous permettre d’appréhender l’univers grâce aux Mneist : des journaux à trouver qui nous renseignent sur l'origine de l'échange de souvenirs ou la construction de Néo-Paris.
Si le gameplay est de prime abord assez simpliste avec seulement deux touches d'attaque et une touche d'esquive la qualité vient de la gestion indispensable du timing lors des combos. Appuyer sur les touches en rythme permettra d'effectuer des séries de coups dévastateurs que vous pourrez configurer comme bon vous semble : comprenez que vous avez un enchainement de coups de base et vous pouvez choisir l'effet de chacun d'entre eux tel enchainement vous rendra de la santé, tandis qu'un autre rechargera votre jauge de focus, qui permet d'utiliser des attaques spéciales.
Parmi ces dernières vous pourrez, entre autres, vous rendre invisible, immobiliser vos adversaires pendant un cours instant ou encore prendre le contrôle des robots ennemis.
La majorité des combats se déroule au corps à corps mais vous possédez aussi une arme de tire à distance : le spammer, qui se montrera utile pour détruire le bouclier de certains adversaires ou encore pour ouvrir les portes verrouillées
Si la mémoire est au centre du questionnement de Remember Me elle est exploitée à son paroxysme dans les séquences de "memory remix" hélas trop peu nombreuses, qui vous permettrons de fouiller dans les souvenirs d'un personnage afin d'en changer certains détails et par effet papillon le dénouement. Si ces souvenirs, après modification, paraitrons aussi réels pour la personne remixée que si il les avait vraiment vécus, ils changerons considérablement son comportement et sa personnalité : Une femme persuadée que son mari à été tué par la société Memorize lui vouera une haine farouche et sera susceptible de vous rejoindre dans votre combat par exemple. Malheureusement ces séquences, en plus d'être rares, sont extrêmement scriptées, concrètement il est très rare de se tromper et de chercher bien longtemps pour obtenir l'effet désiré, il est facile de savoir avec quels objets ont peut interagir puisqu'ils "grésillent" lorsque vous rembobinez ou accélérez le souvenir et leur description permet de savoir très vite si ils vont être utiles ou pas, ceci dit certains ne servent absolument à rien et c'est un peu perturbant.
Dans ces séquences aussi le jeu se montre très dirigiste vous ne pouvez pas choisir la finalité d'un remix, vous êtes obligés d'obtenir le final qui vous est demandé même si parfois d'autres fins sont possibles. Dommage car utiliser le "memory remix" pour modifier le comportement d'un boss pendant un combat aurait été une possibilité intéressante (en lui faisant croire qu'il n'a pas été guéri d'une maladie qui l'avait touché par le passé par exemple pour qu'il soit plus faible).
Les boss parlons-en ! Nombreux et nécessitants tous des techniques différentes pour être éliminés ils devront tous être achevés à l'aide de QTE qui n'apportent pas grand chose en plus d'être trop simpliste pour pouvoir être loupées. L'ensemble du jeu et d'ailleurs beaucoup trop facile, je l'ai acheté mercredi et je l'avais fini à 100% le lundi suivant. Même en mode de difficulté maximum j'ai du mourir trois ou quatre fois au plus.
Je suis partagé concernant Remember Me car de mon point de vue de gameuse il souffre de beaucoup de défauts qui l'empêche d'être un jeu indispensable mais d'un point de vue culturel et féministe il est exceptionnel : le jeu a en effet le mérite d'être l'un des rares à présenter des personnages principaux (tant chez les bons que les mauvais) tous féminins et assez éloigné des stéréotypes vidéoludiques habituels.
J'ai aimé : Un gameplay qui se prend facilement en main, un univers graphique intéressant, la possibilité de mettre le jeu en anglais sous titré VF, une cité magnifique...
J'ai moins aimé : ... mais qui n'est pas librement explorable ! Une VF minable, un jeu trop court et trop facile, qui ne va pas jusqu'au bout de ses idées.
En somme Remember Me n'est pas un mauvais jeu mais qui laisse un gout de trop peu et une amère sensation d'inachevé. Les quelques bugs de-ci, de-là seront, je l'espère, vite corrigé via une mise à jour et si les défauts précédemment cités l'empêchent d'être un indispensable il se démarque tout de même des productions stéréotypés que l'on nous sert à foison depuis quelques années. Si une suite (ou une préquelle) doit voir le jour j'espère qu'elle se déroulera en monde ouvert et qu'elle saura gommer les quelques passages a vide de cette aventure malgré tout fort sympathique. Un titre à découvrir.