La Commission Européenne
s’est permise de prodiguer ses bons
conseils à notre Président de la république à nous, François Hollande. Il
n’est pas exagéré de dire que celui-ci n’a que moyennement apprécié que l’on
vienne lui dire publiquement ce qu’il a à faire pour tenir ses promesses de
réduction de déficit.
Pourtant, à la place de la Commission, nous insisterions tout autant pour
bien rappeler à la France que le délai de 2 ans qui lui est octroyé ne doit pas
servir de prétexte pour se la couler douce, et que 2 ans ce n’est pas trop
(litote) pour atteindre l’objectif fixé. Compte tenu des fâcheux
précédents français en matière de promesses non tenues, un tel rappel n’est
pas du luxe.
A peine, François Hollande a t-il eu le temps de remballer vertement la Commission par un superbe « La Commission européenne n'a pas à nous dicter ce que nous avons à faire (…) », que c'est au tour du FMI d'embêter notre président.
Même si l’institution prend soin de reconnaître les efforts déjà fournis,
mais c’est pour aussitôt ajouter que « Cet élan doit être maintenu et
élargi », manière très aimable de dire que c’est encore largement
insuffisant.
Pire encore, elle prône davantage de concurrence et exprime clairement qu’en
matière de pression fiscale la France est déjà au taquet et que dorénavant, il
va falloir trouver d’autres solutions pour tenter de rétablir les comptes.
Enfin, elle confirme tout haut ce que tout le monde sait tout bas, c'est à dire
que compte tenu des prévisions de croissance pour 2013 (-0,2%) et 2014 (+0,8%),
on ne peut décemment pas espérer que la courbe du chômage se retourne de si
tôt.
Cette fois-ci, c’est Montebourg qui s’en est allé de sa remarque acerbe sur
le surplus de concurrence demandé par le FMI. «les risques de
l'augmentation de la concurrence qui sont parfois destructifs et qui empêchent
finalement les entreprises d'investir » Manifestement, notre exécutif
n’apprécie pas qu’on lui donne des conseils, surtout publiquement.
Il faut dire aussi que ce n’est pas facile pour lui. Sa marge de manœuvre
est extrêmement faible, mais il faut surtout ne pas le dire voire même ne pas
se l’avouer. Déjà qu’il n’y a pas trop de choix possibles dans les décisions à
prendre, si en plus elles sont ouvertement dictées par l’extérieur, plus moyen
de sauver la face.
Pourtant, n'est-ce pas François Hollande lui même qui appelait il y a peu de
temps à un gouvernement économique de la zone euro ?
N'y aurait-il pas comme une contradiction avec cette réaction de
nationaliste, qui s'offusque que "l'Europe" ose s'immiscer dans la politique
économique d'un pays souverain ?
Mais tous ces étrangers ne sont pas les seuls à enquiquiner notre pauvre
François Hollande avec leurs pressantes suggestions. Comme on n’est jamais
aussi bien trahis que par les siens, voilà que la
Cour des comptes, avec à sa tête le socialiste Didier Migaud, s’y met
également. Sans aucune précaution oratoire, elle se permet de critiquer
ouvertement et vertement l’embauche des 60 000 enseignants pourtant considérée
comme une des promesses phares de François Hollande.
«L’Éducation nationale «ne souffre pas d'un manque de moyens ou d'un
nombre trop faible d'enseignants, mais d'une utilisation défaillante des moyens
existants»…nous dit-elle !
Eh puis comme si ça ne suffisait pas, c’est la
Banque de France qui enfonce le clou par l’intermédiaire de son gouverneur,
Christian Noyer. Et il y va franco : Le coût du travail élevé est une des
causes de la désindustrialisation, il faut s’employer à baisser les dépenses et
arrêter les hausses d’impôts, réformer les retraites, éviter les hausses
inconsidérées du SMIC etc etc
Que peut-on conclure de tout cela ?
- Que la France inquiète de plus en plus, au point que les instances
internationales voire nationales jugent indispensable de lui prodiguer leurs
bons conseils de manière de plus en plus pressante.
- Que les conseils de ces instances sont toujours les mêmes et qu’ils
apparaissent comme une évidence pour tout le monde … sauf pour une grande
partie de la gauche française.
- Que selon ces mêmes instances, le Gouvernement français est sur la bonne
voix mais qu’il est beaucoup trop timoré et que les réformes engagées ne
suffisent pas.
- Accessoirement, que le Gouvernement français a du mal à accepter la
critique même fondée même si l’essentiel c’est qu’il l’entende.
Alors certes, il y en aura toujours pour dire que tous ces gens ont tort et
que le Gouvernement a raison contre tous, d’ailleurs le modèle français
n’est-il pas une heureuse exception dans notre monde gangrené par la doctrine
libérale. Non à la pensée unique nous disent-ils, confortés dans leur combat
par ce sentiment d’être les seuls êtres lucides au milieu des suppôts du
capitalisme débridé dont la fameuse troïka constitue le fer de lance le plus
abominable.
Décidément, la pression monte pour ce pauvre François Hollande coincé entre sa gauche et…le reste du monde !