En 2005, j’étais amoureux d’une fille rencontrée sur le net, Lucielle. Nous étions très fortement connectés, elle et moi. On s’écrivait beaucoup. Ce que j’aimais avec elle, c’était le fait qu’elle était cultivée. Et puis, j’avais des doutes à cette époque. Je ne lui avais pas dit que je voulais rester avec ma compagne. J’hésitais.
Ma compagne n’a jamais rien su. Lucielle aurait aimé m’avoir pour elle. Moi, je voulais continuer à la voir, à faire l’amour avec elle, même si je restais avec ma compagne. C’est tellement dommage de ne pas pouvoir continuer ce type de relations, d’être des amis et de coucher ensemble si l’on en a envie. Elle m’a ouvert les yeux sur la souffrance que peut ressentir une femme qui vit une histoire avec un homme marié. »
Méléon esquisse des sourires.
Des sous-entendus s’échappent
aussi de cette conversation.
Toi, tu es
au courant.
Au courant que je ne souhaite pas quitter ma partenaire.
Tu es
prévenue.
Et en parfait Don Juan, il poursuit.
Avec une pincée de narcissisme.
« Finalement, je suis restée avec ma compagne. J'ai choisi celle qui pourrait me partager. »
Devant cela,
je me sens mal à l’aise. La compagne, l'ancienne amoureuse.
Et surtout parce que Méléon dit qu’il n’est pas amoureux
de moi.
« Je ne veux pas être amoureux. C’est une maladie. Le manque. La souffrance. Je n’en veux pas.»
Méléon me parle aussi de son « contrat » avec sa compagne.
« On s’est dit que s’il nous arrivait d’avoir des histoires, en dehors de notre couple, cela ne suffirait pas à nous séparer. »
« Dans le contrat, il ne faut pas coucher avec quelqu’un de notre réseau amical, et il faut se protéger – là, je sais, je ne respecte pas toujours le contrat, cela m’ennuie. » Il fait la moue. Et oui, c’est ennuyeux. Moi aussi, cela commence à me prendre la tête. Je prends des risques aussi.
« Mais tu ne l’aurais pas signé tout seul ton
contrat ? » je demande à Méléon.
Je vois bien que quelque chose
cloche.
Si c’était une « open relationship », il ne lui mentirait pas autant.