Vie privée, vie publique (18)

Mardi 4 Juillet 2006. 11 heures.

J'ai rendez vous chez une voyante. Mme Gabrielle. Elle habite les beaux quartiers, elle est concierge. Déjà j'adore. Elle m'attendait, c'est clair. Nous parlons de mon amie qui m'a envoyé vers elle. Mme Gabrielle est inquiète pour mon amie. Elle est "dans de beaux draps", mais elle va s'en sortir, lance-t-elle.

Mme Gabrielle me scrute, elle ne pèse pas ses mots par contre.

Elle étale les jeux de tarots, les uns à la suite des autres, la séance dure longtemps, Mme Gabrielle donne envie de rester auprès d'elle pour écouter son histoire de vie, alors je la fais parler un peu aussi. De sa fille, de ses vacances qui approchent, de la maladie qu'elle n'avait pas vu venir, à travers les cartes.
Comme quoi !

Quand je lui montre la première photo que j'ai apporté, celle d'un homme, elle me regarde un peu perplexe. "Il n'est pas pour vous, celui-là ! j'espère que ce n'est pas votre amoureux !". Je souris, et lui confirme que non, il n'est pas mon amoureux, mais mon ex-mari. J'avais voulu lui tendre un piège, pour être certaine... Elle me dit : "Il est coton, ce garçon, la vie n'a pas dû être simple avec lui !".
Je la rassure en lui disant que c'est quelqu'un de bien, de généreux.

A la deuxième photo, elle lance : "Il est très bien, lui !". Qu'il a déjà eu une autre vie, mais qu'il est très bien. Je suis presque choquée par ces paroles. C'est Méléon. Comment Méléon peut-il être "bien" ?  Avec tout ce que je connais de lui, je m'attendais au pire. Elle décide de faire un tirage spécifique à son propos.

Elle me dit qu'il est avec quelqu'un d'autre, une femme matérialiste, autoritaire, qu'elle le quittera, qu'il a des sentiments pour moi, qu'il est dans un engrenage et qu'il ne sait pas comment s'en sortir, qu'il n'a pas encore trouver la passerelle, qu'il faut que je sois patiente, et que nous serons ensemble, et que je vais rencontrer l'un de ses deux enfants bientôt.
Le mot d'ordre, me dit-elle, est Sérénité.

Puis, nous parlons de mon travail, de mon fils et de ma mère. Je sors de là, totalement réjouie, je touche le ciel, tout était positif, je suis en pleine extase toute l'après midi. Du coup, je bosse bien.

Le soir, j'invite Méléon à boire une bière. Je ne veux pas lui révéler le contenu de la séance. Je veux garder le secret. Pourtant, peu à peu, je trouve cela très difficile, j'ai l'impression d'en savoir plus sur son destin que lui, et cela commence à me peser lourd sur la conscience. De plus, il a très envie de savoir. Normal. Mais je ne dis rien ce soir là.

A la fin de cette rencontre qui n'aura que peu duré, je redescends de mon nuage en un éclair, cependant très embuée par la bière. Je prends conscience que cette femme n'a fait qu'exprimer ce que mon "inconscient" lui avait raconté...

J'ai l'impression d'être en pleine paranoïa. Le reste de ma soirée est pourrie.