C'est l'histoire d'un naufrage éthique, un échec de la République. L'homme nous fut présenté comme un serviteur de l'Etat, préfet méritant qui décida sur le tard de servir un homme politique qu'il croyait d'envergure politique nationale.
Mais cette histoire a fait long feu. Il ne s'agit plus que d'une affaire de gros sous.
Quand il était secrétaire général de l'Elysée, il écrivait à un oligarque russe pour favoriser la cause de son gendre banquier d'affaires.
Quand il était directeur de cabinet du ministre Nicolas Sarkozy, il recevait jusqu'à 10.000 euros mensuels de primes occultes en espèces. Manuel Valls, l'actuel ministre de l'intérieur, avait demandé une enquête. La voici, et ses résultats, graves, ont été confiés à un procureur.
Claude Guéant ne percevait pas des primes de cabinet, interdites depuis le gouvernement Jospin. Non, d'après la police des polices, Guéant se servait dans les frais d'enquête. Des sommes en espèces conservées pour régler des intermédiaires dans les enquêtes. Cette pratique avait été également interdite par le gouvernement Jospin.
Plus incroyable, d'après l'enquête de l'IGPN et de l'IGA, "il semble que la pratique antérieure au 1er janvier 2002 ait été rétablie de mai 2002 à l'été 2004." Vous avez bien lu: il fallu l'arrivée de Nicolas Sarkozy au ministère de l'intérieur pour que ces pratiques occultes reviennent en force... Et le tout sans contrôle avant ... 2012.
Guéant a avancé une explication, par entourage interposé: "ces sommes ne lui étaient pas destinées, mais étaient utilisées pour un système de «gratifications», notamment pour les policiers en charge de la protection du ministre de l’Intérieur de l’époque". Sans rire ? On ne comprenait alors plus pourquoi Guéant avait justifié ses 25.000 euros de paiements en espèces par le bénéfice de ces primes en liquide...
On s'interrogeait aussi de savoir l'essentiel: le patron de la bande, si cette dernière était aussi organisée qu'on le disait, était-il au courant ?