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L'institut d'études américain pour la performance d'entreprise, i4cp, se concentre principalement sur les meilleures pratiques de gestion du capital humain des organisations et comment celles-ci font la différence en matière de performance.Le cabinet évalue cette performance d'entreprise autour d'un indicateur le Market Performance Index qui prend en compte quatre dimensions économiques : la part de marché, le chiffre d'affaires, la rentabilité et la satisfaction clients.
i4cp vient de délivrer sa dernière étude*** "Les pratiques de gestion du capital humain favorables à l'innovation". Le sujet étant peu abordé, les résultats méritent un détour : 10 pratiques à mettre en oeuvre de façon systémique pour catalyser l'innovation.
J'ai légèrement réorganisé l'ordre des axes à développer et rajouté mes commentaires sans langue de bois !- Se doter d'outils de travail collaboratif type Réseaux Sociaux pour partager autant l'information en interne qu'avec l'externe.
Comme le souligne l'étude d'i4cp (voir aussi la dernière étude Gartner ), peu d'entreprises y arrivent car elles considèrent encore trop ces outils comme une "mode" plutôt que comme un facteur supplémentaire de productivité. - Définir et promouvoir des valeurs d'entreprise liées à l'innovation...et les appliquer (mon commentaire) !
L'innovation reste la valeur de marque prédominante si l'on en juge l'Index international des valeurs corporate mais entre la lettre et l'esprit il y a souvent un gouffre ! Pourquoi ? Mon expérience m'apprend que des choses très compliquées sont mises en place avec une attente de résultats rapides.
Trois ingrédients en résumé (toujours selon moi) permettent de transformer une culture d'entreprise en culture d'action. Prenons la métaphore du feu : pour allumer un feu, il faut une étincelle; pour le faire durer, il faut du carburant et de l'oxygène.Pour relier cette analogie au développement d'une culture innovation et transformation : Une culture innovante ose allumer un nouveau feu qui élimine les anciennes méthodes et permet aux nouvelles idées d’éclore, de se concrétiser et au changement de s'opérer. Déclencher l’étincelle, c'est savoir mobiliser autour d’idées forces à développer (une vision et des projets concrets). Nourrir, favoriser le processus de génération d’idées. Concrétiser les idées pour innover vraiment et alimenter la dynamique innovation (budget, temps, leadership, pratiques et postures). - Faire de l'innovation une compétence-clé du leadership.
J'aime bien la façon dont i4cp met les pieds dans le plat sur ce sujet : "il y a peu de chances qu'une organisation puisse innover dans la durée si ces dirigeants ne connaissent pas les compétences pour manager la créativité et l'innovation" et je rajoute ne les appliquent pas !
Difficile de décréter l'innovation, cela passe par le développement d'un climat favorable aux conditions de créativité et d'innovation. Contrairement à beaucoup d'idées reçues, ce "climat" repose sur des ingrédients très simples...et redoutablement efficaces. Il existe néanmoins une grosse contrainte : accepter de "réapprendre à apprendre" et de faire différemment. Ca prend un peu plus de temps... - Les incitations financières liées à l'innovation.
Ce sujet fait débat : faut-il donner une prime ou pas ? Les études démontrent que quelqu'un d'innovant est motivé par un projet pas par la prime : l'innovation est alors LA motivation intrinsèque.
D'après ce que je peux voir sur des entreprises françaises qui font référence en la matière, le bon dosage combine reconnaissance financière et non financière, surtout dans des contextes "tendus". - Accorder plus de confiance et d'autonomie dans un cadre clair et défini pour tous. Mon addendum : envisager plus d'imprévus dans le prévu, se méfier de ce que vous croyez savoir (sur votre marché, sur vos clients...voir exemple à la fin de ce point 5), apprendre à désapprendre, privilégier les processus "légers" et collaboratifs, doser temps "individuel" et temps "collectif" ou "collaboratif", remettre de l'humour. C'est ce qu'on appelle le jazz de l'innovation.
L'exemple : Une grande entreprise française d'assurances a ainsi démarré son changement de culture vers plus d'innovation en clarifiant un dénominateur commun à l'entreprise : le client (qui est-il ? quelles sont ces attentes ? comment lui répondre ?...). Pour en (re)parler, la société a délibérément combiner humour et "très sérieux". Gros succès qui a permis ensuite de lancer les étapes suivantes sur les nouvelles postures, puis lab innovation interne... - Mettre en place un programme de management des idées (process + outil) pour produire des idées et les...lancer !
- Instaurer des "Revues d'innovation" pour sélectionner les projets à mettre en oeuvre.
- Rester ouverts sur l'extérieur pour capter de nouvelles idées en prévoyant des budgets pour investir ou acquérir des structures ou projets prometteurs.
- Former, former, former aux techniques, postures de la créativité et de l'innovation.
- Traquer les talents innovation (ingénieur, business, design etc...) dans les écoles et les universités ou (je rajouterai) quelle que soit la taille de votre organisation, reconnectez-vous sur ces pôles pour développer des projets avec des étudiants, partager votre expérience etc...En France, je vais exagérer un peu, mais pas tant que cela, quinze grandes entreprises trustent tous les masters et programmes de formation supérieur...est-ce bien normal ? est-ce bien innovant ?
Le point (essentiel) qui manque dans l'étude : le budget ! Développer ces différents axes représentent un investissement long terme !
* Un grand merci à Nicole Jue de l'institut i4cp pour le partage complet de son étude.
** Vous avez envie d'en savoir plus sur le développement du levier humain de l'innovation et d'une culture innovation... parlons-en !
(Programmes sensibilisation/formation managers et collaborateurs, culture innovation, redesign simplifié de management des idées...).
*** L'étude "Human capital practices that drive innovation" a été menée en partenariat avec l'American Management Association et le Neuroleadership Institute. Les chiffres communiqués reposent sur des questionnaires et interviews auprès de 327 dirigeants d'entreprises, issus d'industries variées aux Etats-Unis.