Comme beaucoup, je suis inquiet de l’escalade de violences à laquelle se livrent les groupes d’extrême-droite. Depuis l’occupation d’une mosquée à Poitiers par les rats (emblème fasciste, si si…), les crânes d’os se livrent à une compétition morbide à celui qui ira le plus loin pour affirmer son leadership sur les autres. Le meurtre de Clément Méric s’inscrit dans ce cadre. On oublie, du coup, que d’autres forces politiques appellent tout autant à la violence de rue. L’information est passée quasiment inaperçue la semaine dernière…
Au départ, dans la nuit du jeudi 6 au vendredi 7 juin, il y a l’attaque d’un camp de Rroms à coups de cocktails molotov. Cette agression raciste s’est produite à Hellemmes, dans le Nord. Les engins incendiaires ont été lancés aux alentours de 3 heures en direction de caravanes sans les atteindre, par des individus qui passaient en voiture devant une aire d’accueil où vivent depuis décembre cinq familles Rroms. Cette attaque préméditée n’a créé aucun émoi. Elle s’inscrit de fait dans un climat de violence généralisée contre les Rroms. En effet, plus de 4 000 Roms ont dû quitter leur lieu de vie au premier trimestre 2013, dont un millier après une agression contre leur campement ou un incendie, selon une étude de l’Association européenne pour la défense des droits de l’Homme (AEDH) citée par le quotidien Le Monde.
On ne sait, à cette heure, toujours pas qui est à l’origine des jets de cocktails molotov dans Ch’nord. Mais on sait bien qui appelle à rééditer cet acte ignoble. Il s’agit d’un élu municipal UMP marseillais Didier Réault. Reprenant l’information relative à l’attaque de l’aire de gens du voyage d’Hellemmes, l’élu a posté, samedi 8 juin sur twitter : « Bientôt à Marseille #Capelette pour la même action ». Il invite bien à envoyer des engins incendiaires sur le camp de Rroms de la Capelette. Il s’agit là d’une provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence raciale (article 24 alinéa 5 de la loi 1881, passible d’un an d’emprisonnement et de 5 ans d’inéligibilité). C’est peut-être le rappel à la peine encourue qui a amené le militant de droite à revenir sur ses propos quelques heures plus tard en postant sur twitter toujours : « Pas d’incitation. Une situation désastreuse et ignorée. #Capelette #Marseille ».
Pour Didier Réault, l’exemple vient de haut, précisément de Guy Tessier, député et maire UMP de secteur à Marseille, le 7 juin. Evoquant le même camp de Rroms de la Capelette, L’ancien militant d’extrême-droite issu du Parti des Forces nouvelles n’y va pas de main morte. « Ces gens bien entendu vivent de rapine et de vol.. Pas de l’air du temps ! », déclare-t-il. Sauf qu’il a été précédé sur ce terrain par une autre maire de secteur et parlementaire mais… solférinienne, celle-là : Samia Ghali. Laquelle avait asséné : « Quand les Roms s’installent, on a une recrudescence des cambriolages ».
La dite élue s’est aussi faite remarquer par la bénédiction qu’elle a accordée à l’expulsion sauvage d’un camp de Rroms perpétrée par des habitants des quartiers Nord de Marseille. Une cinquantaine de Roms avaient dû quitter le 27 septembre 2012 au soir un terrain du nord de Marseille sous la pression d’habitants hostiles. Interrogée sur le geste prêté aux riverains, la sénatrice-maire socialiste des 15e et 16e arrondissements de Marseille Samia Ghali avait répondu le 28 septembre : « Je ne le condamne pas, je ne le cautionne pas, mais je le comprends, quand les pouvoirs publics n’interviennent plus ».
Bref, Guy Tessier, nostalgique de l’Algérie française et de l’OAS, a dû se démarquer… Il a donc enfoncé le clou. Interrogé par un journaliste de Marsactu quant à la présence de 2 000 Rroms dans l’agglomération marseillaise, il a eu cette réponse qui en dit long : « Mais c’est 2 000 de trop ! Même si c’était dix, c’est encore trop ». Voilà, voilà… Des propos qui font paraître ceux de l’héritière de Montretout bien fades, elle qui se contente d’évoquer « le pillage organisé du pays par des réseaux criminels nomades étrangers » avant de préciser : « La France doit expulser l’ensemble des clandestins présents sur son territoire, dont les Roms ».
Donc, on a bien compris. Le FN et les groupuscules d’extrême-droite violents sont du même moule et se répartissent les rôles. C’est aussi ce qu’a développé l’ami Alexis Corbière sur son blog. Et c’est à cette extrême-droite là que Guy Tessier – et nombre de ses amis de l’UMP comme Didier Réault - envoient aujourd’hui des clins d’œil appuyés. Au fond, c’est la Boutin qui avait raison en parlant de « guerre civile ». Sauf que ce sont eux, la droite extrême et l’extrême-droite, qui la mènent.
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Bonus vidéo : Egypt Central « You Make Me Sick »