22 avril 2008
La Joconde lève le voile
Le
célèbre voile vaporeux qui fascine les admirateurs de la Joconde, le
"sfumato", a été réussi par Léonard de Vinci grâce à une superposition
de couches de peinture dont la composition est révélée dans une analyse
scientifique publiée mardi dans la revue Applied Optics.
La
partie superficielle est une superposition de couches de "terre
d'ombre", une ocre contenant un peu de manganèse, caractéristique d'un
glacis, a précisé à l'AFP l'auteur de l'étude, Mady Elias, chercheur au
Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Cette technique
était alors uniquement utilisée par des primitifs flamands tels que van
Eyck et van der Weyden.
La seconde couche est "un mélange de 1%
de vermillon et 99% de blanc de plomb, technique utilisée par tous les
Italiens à l'époque", a ajouté la chercheuse en soulignant qu'il
s'agissait de "la seule démonstration scientifique de leur composition".
Les
composants de ces couches ont été identifiés sans toucher à l'oeuvre
grâce à une caméra multi-spectrale permettant de mesurer cent millions
de spectres lumineux en autant de points du tableau, mise au point par
Pascal Cotte, directeur technique de la société Lumiere Technology,
dont le siège est à Paris.
"La lumière projette sur un tableau un
rayon lumineux" qui permet de mesurer les spectres des composants de la
couche picturale (liant, vernis, mélange pigmentaire), une mesure à la
fois optique (240 millions de pixels), physique et chimique, selon le
Président de Lumiere Technology, Jean Pénicaut.
"On n'a pas fait
de prélèvement" pour analyser la composition de l'oeuvre a précisé Mady
Elias: "On a fait des équations, c'est-à-dire de la modélisation, et
c'est la première fois qu'on applique dans l'art (...) un bilan des
flux lumineux dans la matière", technique jusqu'ici utilisée en
sciences de l'atmosphère et en océanographie.