« Comme à de petits enfants dans le Christ, c’est du lait que je vous ai donné à boire, non de la nourriture solide. » (1 Co 3, 1-2). C’est par cette parole de l’Écriture saint Thomas d’Aquin, commence sa Somme de théologie. « Comme à de petits esclaves de la République socialiste, c’est de l’alcool distillé du péché que je vous donne à boire », pourrait commencer la « Somme Républicaine » de Vincent Peillon.
Vincent Peillon est un personnage médiocre, mais machiavélique. Souvent le démon trouve au moins des gens talentueux pour nous pervertir – pensons à Jean Jaurès ou F. Nietzsche ; dans le cas de Peillon, c’est plutôt un philosophe de basse plume et ultra-partisan, manipulateur et tout à l’inverse de ce qu’on entend depuis l’aube des temps par le terme « philosophie »…
Vincent Peillon, c’est « La révolution française n’est pas terminée », en 2008 – La Révolution qui est une « rupture religieuse »et une « continuité historique », une auto-institution politique « pacifique, mais permanente »[1], une « Incarnation théologico-politique »[2].
C’est également Une religion pour la République : la foi laïque de Ferdinand Buisson, en 2010 – une « foi laïque », expression complètement délirante, voir diabolique, parce que perverse, qui repose sur l’anticlérical Ferdinand Buisson. C’est ce que j’appelle la « ligne Buisson de la laïcité », qui vise à détruire le christianisme, pour le remplacer par une « religion républicaine ».
Qu’est-ce que la « religion républicaine » ?
C’est une idéologie se présente une religion parallèle, avec ses propres rites, sa propre lirtugie républicaine, ses grands-prêtres fonctionnaires. C’est une religion de substitution. Claude Bartolone, président PS de l’Assemblée dite nationale, affirmait il y a quelques jours :
« La République a besoin de rites. La démocratie, c’est une véritable religion, elle a besoin de rites pour être reconnue et acceptée ».
Il faut bien comprendre que l’idée Républicaine « descendue sur Terre » n’admet pas d’impureté ou d’obstacles qui pourraient enrayer son auto-développement. Les mots de Vincent Peillon envers les personnes qui pourraient enrayer ce progrès « inéluctable » sont forts. En effet, « les forces contre-révolutionnaires, réactionnaires et rétrogrades sont toujours vivaces »[3] et celui qui n’accepte pas cette « révolution permanente » est qualifié d’ « archéofile »[4], c’est-à-dire relevant de cette catégorie de personnes « qui passent leur existence à cultiver des souvenirs, des regrets et des nostalgies »[5], bref, des personnes qui ne s’intègrent pas parfaitement dans l’inexorable mouvement historique de l’idée républicaine. Une temporalité républicaine, continue Vincent Peillon, « dont on ne peut pas sortir ». C’est pourquoi la République n’a d’autre issue que de « lutter contre ces forces rétrogrades » en « s’inventant une histoire »[6].
Ce qui est d’autant plus inquiétant que Vincent Peillon est persuadé que sa « religion laïque » est dans la contuinuité dialectique du christianisme. Dans cette dialectique historique, le moment à venir (la République socialiste) doit tout naturellement annuler le moment passé (le christianisme).
Dans ce cadre, les catégories politiques de Vincent Peillon sont irréductiblement théologico-politiques, et comportent ce caractère faussement eschatologique qui lui donne ce caractère anti-christique…
Bref, avec la religion laïque de Vincent Peillon, nous ne sommes pas dans un combat politique. Nous sommes en pleine guerre des religions.
L’école au coeur de la bataille
Vincent Peillon semble bien décidé à utiliser l’école pour livrer ses dernières batailles idéologiques, et remporter sa victoire finale sur le christianisme. Une guerre idéologique dont il n’en est que le lugubre grand-prêtre et le prophète de malheur.
L’école a en charge d’enseigner aux petits républicains cette théologie sans Dieu, de pratiquer cette liturgie sans sacré, de se présenter en somme comme une substitution à la sainte Eglise de Dieu. C’est un messianisme laïcisé, une veille hérésie millénariste et séculière, un paganisme idôlatrique et peccamineux, une canonisation publique du péché. qui constitue le cathéchisme de ce qu’ils appellent ouvertement et effrontément la « religion républicaine » ou la « foi laïque ».
C’est dont une religion de « substitution », que Vincent Peillon veut comme telle. Et ses temples seront les écoles républicaines. Il développe la vision de l’école comme une « nouvelle église »,
« c’est bien une nouvelle naissance, une transsubstantiation qui opère dans l’école et par l’école, cette nouvelle église avec son nouveau clergé, sa nouvelle liturgie, ses nouvelles tables de la loi. ».
Ou encore :
« le projet consiste alors à « forger une religion qui soit non seulement plus religieuse que le catholicisme dominant, mais qui ait davantage de force et de séduction, de persuation et d’adhésion que lui. »[7].
Plus encore, et employant un vocabulaire de croisé, Vincent Peillon, dans un entretien accordé au putride Nouvel Observateur, se déclare favorable à « un réarmement idéologique » des professeurs en parlant, notamment du futur enseignement de la morale laïque.
Comment compte-t-il procéder à ce « réarmement » ?
Sur deux points : la morale laïque et la théorie du genre, fille de la déconstruction de la nature.
- Une Morale Laïque, catéchisme républicain
Dans la continuité de Jean Jaurès, Vincent Peillon comprend bien qu’une société humaine ne peut pas se passer de religion pour assurer sa cohésion.
« C’est au socialisme qu’il va revenir d’incarner la révolution religieuse dont l’humanité a besoin»[8].
C’ets en ce sens que Vincent Peillon tente de récupérer l’idée de « morale laïque », qui permet une éducation « spiritualiste, libérale et religieuse »[9]. Sur ce point, il peut peux être plus clair : la « morale laïque » enseignée à l’école républicaine « est aussi un instrument de l’action politique, républicaine et socialiste »[10].
Bref, République = socialisme = religion laïque.
Quelle pédagogie est mise en œuvre pour satisfaire à cette instrumentalisation ? Il y a un « »infini flottant » dans l’âme de l’enfant », et l’éducation « se fixe pour tâche de lui donner une forme »[11]. Donner une forme à une matière, selon pédagogie aristotélicienne, suppose que la matière préalable – « l’âme de l’enfant » – soit informe. Bref, que l’enfant ne soit rien. Notez bien que c’est ici que peut s’introduire la théorie du genre…
Voilà pourquoi dans un Entretien au JDD du 2 septembre 2012, Vincent Peillon affirme qu’
« Il faut être capable d’arracher l’élève à tous les déterminismes, famillial, ethnique, social, intellectuel… ».
L’école républicaine et laïque ne doit certes pas « comprimer les aspirations religieuses de l’âme humain »[12], mais bien les orienter vers une révolution morale et une révolution matérielle, bref, au marxisme matérialiste et dialectique.
L’idée qui consiste à prendre en charge la spiritualité des enfants permet évidemment de ne pas laisser à l’Eglise catholique garder le monopole de la spiritualité et de la formation des âmes (c’est-à-dire de l’éducation, dans le vocabulaire de Peillon) :
« Soit on abandonne les choses de l’âme, le spirituel, à l’Eglise et au prêtre, et alors la République démocratique et sociale est vaincue »[13].
Alors lorsque Peillon clame çi et là que la morale laïque « respecte les croyances », on comprend la supercherie…
- Une guerre sexuelle
Vous le savez, les gens de gauche sont obsédés par la sexualité. La loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République est le grand chantier de Vincent Peillon qui, selon lui, va provoquer eun grand changement.
Dans les faits, ce projet de loi n’apporte pas grand chose, sinon de basses mesures idéologiques ; il retire plutôt : notamment le sexe des enfants.
Le texte initial a été modifié afin d’y introduire l’enseignement de la théorie du genre. L’article 31 de cette loi qui définit les missions de l’école élémentaire a ainsi été amendé dans ce sens. Il s’agit
« de substituer à des catégories comme le sexe ou les différences sexuelles, qui renvoient à la biologie, le concept de genre qui lui, au contraire, montre que les différences entre les hommes et les femmes ne sont pas fondées sur la nature, mais sont historiquement construites et socialement reproduites. »
C’est une guerre qui se mène dans les manuels scolaires. Louis-Georges Tin, militant gay radical et président du CRAN (conseil représentatif des associations noires de France), rasemble autour de la table les six importants éditeurs scolaires (Belin, Bordas, Hachette, Hatier, Magnard et Nathan) et choisit des universitaires : notamment Catherine Vidal et Eric Fassin qui sont, par exemple, chargés de débusquer les stéréotypes de genre dans les manuels. Le choix de ces professeurs n’est pas le fruit du hasard ; ce sont des figures emblématiques de la « théorie du genre » en France.
Le même Eric Fassin est un crypto-marxiste nauséabond, qui ne cherche rien de moins
« La critique marxiste visait à dénaturaliser le capitalisme, dont l’idéologie fait apparaître l’ordre économique comme naturel. On prend aujourd’hui conscience que même l’ordre des corps, des sexes et des sexualités n’est pas fondé en nature : c’est l’extension du domaine démocratique aux questions sexuelles »,
Religion laïque, dialectique, théorie du genre, République socialiste : tout cela est parfaitement cohérent. Lorsqu’on veut arracher l’enfant à ses « déterminismes sociaux » (entendez : sa famille, ses traditions, ses habitus), il n’y a qu’un pas pour l’arracher à sa nature, son sexe, sa religion.
Tout cela est formidablement chapeauté par le lugubre Vincent Peillon. Je ne peux qu’engager tout un chacun à lutter de toutes ses forces contre le rouleau compresseur de l’éducation nationale républicaine, cette machine gigantesque et diabolique dans laquelle nous jettons un bébé nu, pour qu’il en resorte un petit électeur socialiste dénué de toute humanité, de nature, de religion, et de liberté.
Vivien Hoch
Auteur de Vincent Peillon, prophète d’une religion laïque
[1] Vincent Peillon, La révolution française n’est pas terminée, op. cit., p. 18
[2] « L’absolu Républicain est descendu dans le temps », La révolution française n’est pas terminée, op. cit., p. 30
[3] La révolution française n’est pas terminée, op. cit., p. 18
[4] Une expression que Vincent Peillon reprend de l’ultraroyaliste Pierre-Simon Ballanche ; La révolution française n’est pas terminée, op. cit., p. 18
[5] La révolution française n’est pas terminée, op. cit., p. 18-19
[6] La révolution française n’est pas terminée, op. cit., p. 19
[7] Une religion pour la République : la foi laïque de Ferdinand Buisson, Le Seuil, Paris, 2010, p. 274 (nous soulignons)
[8] La révolution française n’est pas terminée, op. cit., p. 195
[9] La révolution française n’est pas terminée, op. cit., p. 193
[10] La révolution française n’est pas terminée, op. cit., p. 193
[11] La révolution française n’est pas terminée, op. cit., p. 194
[12] Jean Jaurès, article du 4 Juillet 1892 de La Dépêche, repris dans l’Action socialiste, p. 160. Cité dans La révolution française n’est pas terminée, op. cit., p. 194
[13] La révolution française n’est pas terminée, op. cit., p. 192