Le 15 décembre 1662, Federico Gualdi présente son nouveau projet pour sauver la lagune de Venise des marées de l’Adriatique.
"Non vol vedere l’ultimo suo disterminio, preché la s’è al fine, et deteriorà addessopiù in un mese, che non faceva già un anno."
D’après lui, en cette fin d’année, les détérioration causées par les inondations due aux marées hautes ont été plus importantes en un seul mois, que pendant toute l’année précédente. Il dit avoir réfléchi et propose un projet des plus ambitieux.
On connait bien ce projet au travers d’un mémoire destiné au Conseil des X et qu’il a daté du 10 janvier 1662 (en fait c’était 1663).
Le remède sur et infaillible pour conserver ce peu de lagune qui entoure Venise, en évitant tout enlisement, mais en permettant d’évacuer naturellement, petit à petit tout ce qui y a déjà été accumulé. Sa solution est infaillible pour approfondir les canaux et, également, au maximum la passe de Venise qui deviendra navigable pour tout vaisseau. Elle donnera plus grande force au flux et au reflux des eaux salées qui rendra l’air salubre ainsi que beaucoup d’autres bienfaits à cette lagune.
Dans ce mémoire à la graphie appliquée, illustré de dessins, il explique que la lagune de Malamocco et sa passe sont "totalement inutiles". La lagune de Venise, jointe à celle de Malamocco et à une grande partie de celle de Chioggia, jusqu’à la palissade, formeront un seul grand corps qui desservira la passe de Venise.
Il suggère ainsi que l’homme peut dompter la nature, et l’améliorer, et use pour cela d’une métaphore : il compare la fouge de la marée à un cheval ; tous deux peuvent être domptés.
Cette idée de fermer les ports à été récurrente dans l’histoire de Venise. En 1550, déjà, Alivise Cornaro en avait débattu avec Cristoforo Sabbadino.
La construction d’une palissade, ou d’une digue artificielle est assujettie à la création de portes pour permettre la navigation entre la mer et la lagune.
Cette idée, radicale, imaginée par Gualdi en 1662, à été mise en chantier quatre cents ans plus tard avec le projet MOSE (Modulo Sperimentale Ellectrodinamico). Ce projet est donc la réalisation, avec des moyens techniques, et les connaissances du monde moderne, d’une proposition évoquée par un aventurier du XVIIème siècle.
Toutefois, le plaidoyer iconoclaste de Gualdi avait séduit les magistrats. Un décret du 23 décembre 1662 lui alloait, pour une période de trois ans, la somme annuelle de 5.000 ducats comme le prix de l’invention "principiandogli il pagamento dal giorno, che saranno stati incominciati i lavori." Le décret suscita la risée du magistrat des eaux, Francesco Calcaneis.
Les travaux ne commencèrent jamais, et Gualdi ne fut jamais payé.