(Titre original : Born Wicked)
Les sœurs Cahill cachent un terrible secret, qui pourrait leur coûter très cher : elles sont sorcières. Dans la Nouvelle-Angleterre de la fin du XIXe siècle, il ne fait pas bon être femme, éduquée et encore moins détenir des facultés occultes. Alors qu'elles évoluent au sein d'un ordre régi par les Frères, une communauté religieuse opprimant la condition féminine et les asservissant au possible, sous peine d'être envoyées à l'asile ou pire encore... Cate, l'aînée de la famille, saura-t-elle honorer la promesse qu'elle fit à sa mère sur son lit de mort quelques années auparavant : protéger ses sœurs de tous les dangers qui pourraient se dresser sur leur chemin, alors qu'elles pourraient bien être amenées à jouer un rôle déterminant dans un sombre prophétie influençant l'avenir des sorcières et des femmes du monde entier ?
En bref : A la mort de sa mère, Cate Cahill a fait la promesse de protéger coûte que coûte ses deux petites sœurs, Maura et Tess. Dans le petit bourg de Chatham, toutes les familles se connaissent et rien ne reste secret bien longtemps. L'ordre des Frères règne en maître et ne cesse d'exhorter les paroissiens à la morale, la décence, repoussant la position de la femme à celle d'une maîtresse de maison servile, entièrement dépendante de son père, de ses frères ou de son mari. Après la fin des grandes persécutions contre les sorcières de Nouvelle-Angleterre à la fin du XVIIIe siècle, celles-ci vivent désormais dans la plus grande clandestinité, craignant chaque jour une potentielle délation de leur voisin pour quelque motif que ce soit (les accusations étant souvent sans fondements), ce qui les enverrait tout droit à Harwood, l'asile de la région. Cate doit protéger ses sœurs de la magie qu'elles apprennent tout juste à maîtriser, consciente du véritable danger qu'elles encourent. Ces dernières sont plus frivoles et exaltées à l'idée d'utiliser ce don, qu'elles voient comme un cadeau. Cate, elle, l'envisage comme une malédiction, qui complique encore plus leur destin. D'autant que Cate approche de son 17e anniversaire. Les 6 mois précédant cette date, celle-ci doit participer à sa cérémonie d'intention : Elle devra choisir de s'unir à un homme qui lui aura fait sa demande en mariage au préalable, ou laisser les Frères lui désigner un potentiel époux. Au cas échéant, la jeune fille peut choisir de rejoindre l'ordre des Sœurs à New-London, et unir son destin à celui du Seigneur... L'idée même d'être séparée de Maura et de Tess lui est insupportable : Comment lui serait-il possible de les protéger d'elles-mêmes et des Frères ? C'est alors qu'une mystérieuse Prophétie refait surface. Un message de sa mère, subtilement caché grâce à la magie de celle-ci quelques jours avant son décès, l'informe que le tournant du XXe siècle sera marqué par l'ascension de trois sœurs sorcières, dont l'une d'elle sera la plus puissante jamais connue, et dotée du pouvoir d'intrusion mentale. Cette faculté, utilisée à mauvais escients, peut s'avérer désastreux. Ce destin les amènera à orienter l'avenir des sorcières du monde entier dans un sens ou dans un autre : rétablir leur pouvoir aux yeux de tous, ou les faire disparaître à tout jamais, ramenant l'ère de la terreur qu'elles connurent dans les années 1780.
Mon avis : Le cap des 100 premières pages est assez fastidieux à passer, l'auteur semblant avoir du mal à mettre en place l'intrigue générale, marquée tout au long du roman par de nombreuses répétitions quant aux dilemmes que connaît Cate dans cette aventure. Une fois ce cap passé, le roman prend néanmoins un tournant bien plus passionnant et entraînant, les rebondissements étant légions. Le lecteur est happé dans cet univers mi-historique, mi-imaginaire, dans la mesure où il dépeint une société ultra religieuse où la femme est reléguée au rang d'objet servile, qui doit entière obéissance à l'homme, et doit sans arrêt expier les péchés dont elle serait coupable car sa condition ne peut lui permettre de faire les bons choix. Un clin d’œil intéressant est fait à Dubaï, région du Moyen-Orient où les femmes vivraient en toute liberté, égales aux hommes, libres de porter le pantalon, de tenir un commerce et de posséder des biens matériels et gérer sa vie comme bon lui semble. Ce retournement de situation, en comparaison à la réalité que l'on connaît aujourd'hui, est intéressante dans la mesure où elle permet de juger d'une oppression religieuse au sein d'une civilisation occidentale qui pourrait être plus familière au lecteur. La fin de ce premier volume d'une trilogie nous laisse pantois, et il me tarde personnellement de découvrir le prochain volume ! Une belle réussite pour un premier roman de la part de Jessica Spotswood, qui ne peut que nous faire penser aux célèbres sœurs Halliwell de la série télévisée Charmed, diffusée durant les années 1998-2000.
Ma note pour ce livre (entre 1 et 5 étoiles) :