Ce n’est pas un hasard si la CNIL a décidé en 2011 de s’atteler à des opérations de sensibilisation à la protection des données personnelles sur les réseaux sociaux auprès des adolescents. Les jeunes internautes sont en effet des utilisateurs intensifs de ces services.
Mais parallèlement, cette population des 15 ans et moins, dite des « innocents » (car inconscients des risques), néglige très souvent la question de la protection de la vie privée. Actuellement, 91% des adolescents postent des photos d’eux, contre 79% en 2006.
Les adolescents n’ont jamais autant partagé de données les concernant sur les réseaux sociaux. « La norme sociale a évoluée ces dernières années » en terme de partage, défendait Mark Zuckerberg en 2010. Les faits semblent lui donner raison au moins concernant cette catégorie d’utilisateurs.
L’étude de Pew l’illustre de quelques chiffres : en 2012, 91% des utilisateurs adolescents déclaraient poster des photos d’eux-mêmes, contre 79% en 2006. Ils sont également 71% à mentionner dans leur profil le nom de leur école (49% en 2006) et la ville où ils résidents. En outre, respectivement 53% et 20% de ces internautes (dont 92% utilisent leur vrai nom) indiquent leur adresse email et leur numéro de téléphone portable.
Les plus jeunes (12-13 ans) ne sont pas nécessairement ceux qui partagent les données les plus sensibles et personnelles. Cette caractéristique revient plutôt aux 14-17 ans qui par exemple publient à 94% des photos d’eux, contre 82% pour les adolescents les plus jeunes, ou encore communiquent leur numéro de mobile (23% vs 11%).
En revanche, à l’exception du téléphone portable, plus souvent indiqué par les garçons, adolescents et adolescentes se ressemblent par leurs pratiques en matière de partage de données sur les réseaux sociaux.
Exploitation par des tiers : un souci des parents, pas de leurs ados.
Partage et protection des données sont-ils compatibles ? S’ils déclarent très majoritairement maîtriser les paramètres de confidentialité de Facebook (92% des sondés ont un compte sur le réseau social, et 26% sur Twitter), 39% des 12-17 ans disposent d’un profil public ou partiellement privé (64% sur Twitter en ce qui concerne la nature de leurs messages).
Si les adolescents semblent soucieux de protéger leurs données, c’est d’abord vis-à-vis des autres utilisateurs des réseaux sociaux. Ils sont en revanche moins préoccupés par l’accès à leurs données personnelles par des acteurs tiers, dont les annonceurs. 40% des adolescents se déclarent très ou un peu préoccupés par ces accès à leurs informations.
Une préoccupation générationnelle ? Sans doute puisque 81% des parents de ces mêmes adolescents considèrent eux l’accès par des tiers comme préoccupant – dont 46% très préoccupant. Entre parents et enfants, un fossé existe bien sur ce sujet.