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Austérité: le FMI lâche Barroso.

Publié le 10 juin 2013 par Letombe
Austérité: le FMI lâche Barroso.

Le FMI a avoué s'être trompé avec la Grèce. C'est suffisamment rare pour être noté. L'aveu vient d'une fuite, organisée semble-t-il. Mais le plus grave est ailleurs. On savait que l'austérité grecque ne menait à rien que le désespoir et la ruine. Le plus incroyable est que ni la Commission européenne ni la BDE n'ont visiblement entamé la moindre remise en cause d'une politique désastreuse.


Fuites organisées au FMI
Une fuite confirmée le lendemain par son économiste en chef, Olivier Blanchard, interrogé sur France Inter. Là est tout l'enjeu, amener un responsable de cette institution devant quelques journalistes pour qu'il s'explique enfin. Cette fois-ci, l'aveu était orchestré depuis plus haut.

Il est facile de critiquer le FMI. L'organisme est loin, bourré d'économistes et de technocrates. Il dégage l'image d'une banque en pire. Mais le cynisme de l'organisation paraît suffisamment incroyable pour mériter une telle rage.

Quelles sont donc ces erreurs ainsi médiatiquement confessées ?

1. D'abord, d'avoir trop tardé à agir. Il aurait fallu restructurer la dette rapidement. Mais comment faire quand les comptes publics étaient truqués ? Car ces derniers étaient truqués. En 2010, donc, le FMI comme l'UE, hésite encore. "Bien sûr, il aurait fallu être prêt à renégocier la dette au départ, à donner un peu plus d'air à la Grèce de manière à ce qu'elle puisse s'en sortir plus facilement, mais dans le contexte européen de l'époque, les conditions n'étaient pas prêtes."

2. Ensuite, les autres gouvernements européens ne voulaient pas aider. Voilà l'erreur, la première. "Les européens n'étaient absolument pas prêts à considérer une restructuration de la dette et, d'autre part, techniquement c'est un problème d'une très, très grande complexité." Et pourquoi ? Pour une raison simple et égoïste, protéger leurs banques. Trop longtemps "aurait des effets de contagion potentiellement catastrophiques, non seulement pour la Grèce mais pour le reste de l'Europe",

3. Enfin, en 2011, l'UE réagit trop faiblement. En France, à l'époque, Nicolas Sarkozy nous assurait que tout était réglé, enfin et pour toujours. Pour l'économiste en chef du FMI, deux ans plus tard, le constat reste triste, la réaction fut trop faible."L'effet d'une dette très lourde, ça ralentit le retour de la Grèce à un équilibre acceptable. (...) Quand un pays a un poids de dette insupportable, il faut accepter la réalité et diminuer ce poids de dette".

Est-ce tout ? Oui. Jeudi, on apprenait que le FMI, dans un rapport interne "strictement confidentiel", avoue des "échecs notables" dans le sauvetage de la Grèce. Depuis bientôt 6 ans, le PIB grec a chuté de près d'un tiers et l'endettement public n'a cessé de croître (115% du PIB en 2008; 170% en 2012). Et ce malgré une baisse drastique des dépenses publiques en tous genres. Difficile de masquer pareil échec !

Obstinations européennes
Ce mea culpa n'est pas général parmi nos grands responsables internationaux. Loin s'en faut ! Les experts du FMI reportent une belle responsabilité sur les épaules des Européens. A Bruxelles, on enrage d'une pareille accusation. La "Troïka", cette structure qui rassemble le FMI, la Commission européenne et la Banque centrale européenne (BCE), est en passe de voler en éclats. Elle est en charge de quatre plans de sauvetage dans la zone euro: Grèce, Italie, Portugal et Irlande.

Le patron de la BCE, l'italien Mario Draghi, ancien de Goldman Sachs, reste optimiste. Il voit une "reprise très progressive" dans la zone euro. On pourrait sourire si le sujet n'était grave. Et l'homme n'a aucune intention de regretter l'austérité. Au contraire, il l'encourage un peu partout en Europe: "Pour inspirer confiance, les responsables politiques doivent respecter fidèlement leurs programmes d'ajustement budgétaire. (...) Il y aurait peu à gagner d'un assouplissement de ces programmes, si cela conduit les marchés à attendre de nouvelles mesures de rigueur budgétaire par la suite."

Et que dire de la Commission de Bruxelles ? Rien. Elle s'en fiche et s'obstine.

Il faut ainsi lire les "recommandations" de la Commission de Bruxelles, publiée il y a une quinzaine de jours. Sur la Grèce, il n'y a aucun changement, bien au contraire: "pour éviter toute duplication avec les mesures du Programme d'Ajustement Economique, il n'y a aucune nouvelle recommandation pour la Grèce", explique-t-elle dans son sommaire.

La Grèce peut donc sombrer. "On a sacrifié les Grecs pour sauver l'euro", commente sobrement un journaliste grec de To Vima. "Le document du FMI qui a été publié le 5 juin est une gifle pour la politique de “sauvetage’’, mais surtout pour l’“Europe” — c’est à dire l’Allemagne — et également pour le gouvernement grec de l’époque, mené par Papandréou, qui avait signé le premier mémorandum."

Un quotidien italien complète: "Le problème ne s’est pas posé uniquement pour la Grèce, mais pour l’Irlande, le Portugal, l’Espagne et même l’Italie. Dans tous ces cas, la Troïka a choisi de faire peser tout le poids de l’ajustement sur les pays débiteurs, sans tenir compte du fait que l’erreur n’est pas uniquement de la part de celui qui emprunte de manière inconsidérée, mais aussi de celui qui accorde ces prêts."


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