En 1136, un clerc attaché aux Plantagenêt, Geoffroy deMonmouth fournit un récit épique dans lequel il construit le Roi Arthur sur le modèle d’Alexandre le Grand tout en introduisant et par la même occasion, réhabilite les Celtes et leur mythologie. Il met en scène un peuple d’irréductibles (irréductibles Gaulois avant l’heure !), peuple cantonné dans ses montagnes de Galles et unifié par un roi charismatique tueur de monstres, un être exceptionnel, qui vainc les tribus ennemies. En 1155 : Wace, poète anglo-normand, ajoute dans son « Roman de Brut », une version française qu’il traduit en anglais. Ainsi, ces récits connaissent une plus large diffusion et agissent-ils à la façon d’une propagande car le Roi Henri II de Plantagenêt vient d’épouser la brillante Aliénor d’Aquitaine, se voit rattaché à une lignée prestigieuse. Par ailleurs, la découverte à Glastonbury de la tombe d’Arthur et Guenièvre met le pouvoir à l’abri d’un quelconque retour d’un usurpateur capable de lever rapidement des opposants.
Les éléments ajoutés par Chrétien de Troyes ne font qu’ajouter du prestige au souverain : toute une microsociété balzacienne se met à vivre dans ses récits. Chrétien insiste sur la valeur des chevaliers d’Arthur qui partent à la découverte du monde et vont répandre une image glorieuse de la cour d’Arthur. A travers les aventures de ces chevaliers, le romancier se propose d’éveiller la curiosité et d’initier l’esprit aux mystères du monde. La chrétienté étant aussi la grande affaire de la période, il n’est pas étonnant que les versions suivantes et notamment celle de Robert de Boron aillent dans le sens d’une christianisation des motifs... (Par exemple, à la lecture, ce qui s’impose avant tout, c’est la valeur religieuse du Graal et la quête spirituelle – quasi monacale – entreprise par les chevaliers comme Gallad)