Titre original : The Devil’s Rejects
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Rob Zombie
Distribution : Sid Haig, Bill Moseley, Sheri Moon Zombie, Matthew McGrory,William Forsythe, Ken Foree, Danny Trejo, Geofrey Lewis, Leslie Easterbrook…
Genre : Horreur/Thriller
Date de sortie : 19 juillet 2006
Le Pitch :
Après avoir échappé à l’assaut sur son ranch, la famille Firefly, composée de tueurs psychopathes, fuit la colère du shérif Wydell qui cherche à venger la mort de son frère, tué lors d’une nuit d’Halloween meurtrière l’an passé…
La Critique :
Au moment où The Lords Of Salem (qui a laissé les critiques et le public dubitatif aux States) s’apprête à sortir en France, revenons sur le chef-d’œuvre de monsieur Zombie.
Rob Zombie est un vrai phénomène. On l’a d’abord connu comme étant le frontman de White Zombie (qui contient déjà une référence au cinéma d’horreur à travers le film du même titre de Victor Halpérin avec Bela Lugosi) durant 12 ans. Après il fonde un autre groupe qui portera son nom. Il s’agit aussi d’un artiste qui gère l’imagerie psychédélique et horrifique de tous ses projets, et, et c’est là que ça devient intéressant, qui est aussi réalisateur. En effet, en fondu de ciné bis, il a décidé de franchir le pas et de passer derrière la caméra. Et il a bien fait, le bougre. Il commence d’abord par réaliser, en 2000, un film hommage qui pastiche habilement les films de genre des 70′s, Massacre à la Tronçonneuse (le premier hein) en particulier : La Maison des 1000 Morts. The Devil’s Rejects, son deuxième long-métrage est également une suite spirituelle, puisqu’elle reprend les personnages (et donc le casting), le contexte et l’atmosphère de son précédent méfait. Si House of the 1000 corpses a acquit le statut de film culte, ce n’est presque rien comparé à son successeur. En effet, dire que The Devil’s Rejects a fait sensation à sa sortie serait un doux euphémisme, il n’a laissé personne indifférent et provoqué des réactions sans aucune demi-teinte : soit on l’adore et se prosterne, soit on le descend. Il faut dire que le père Zombie n’y va pas avec le dos de la cuillère ! Le film s’ouvre sur une jeune femme traînée dans les bois par un géant masqué et difforme, puis enchaîne sur un assaut violent mené par de nombreux policiers et supervisé par le Sherif du coin qui colle à merveille à l’image que l’on a de ces hommes de loi tout droits sortis d’un Far West fantasmé. Les habitants se battent sauvagement, avec ce qu’ils ont sous la main. Comprenant qu’ils ont fuit, le flic utilise la matriarche pour lui soutirer des renseignements et mettre la pression aux fuyards. Ceux-ci vont se lancer dans une version perverse du chat et de la souris. On suivra donc les avancements des tueurs et du Sherif en parallèle. Le film se montre donc dynamique, et l’escalade folle à laquelle se livrent les deux parties nous tient en haleine tout du long. Car l’une des forces du chef d’œuvre de Zombie, est de ne pas céder au manichéisme qui fait partie des codes du genre. Le Sherif revanchard finit même par en devenir plus effrayant que ces proies, qui n’en sont pas moins horribles. Sa fonction et l’impunité qu’elle lui procure est à l’origine de l’antipathie que l’on éprouve à son encontre. Il incarne une Amérique profonde mais parfaitement tolérée, un système gangrené qui n’en est pas moins encore institutionnel. À l’inverse, si les Firefly se livrent à des exactions particulièrement vicieuses et sanglantes, leur statut de marginaux à l’humour noir et cradingue finit par les rendre attachants. Le final, ultra épique, est particulièrement parlant.
Pour donner vie à ses personnages cultes, on trouve un casting béton : Sid Aigh reprend l’apparence de l’inénarrable clown sadique Captain Spaulding, Sheri Moon est l’atout charme de la famille, Bill Mosseley est méconnaissable sous les oripeaux rednecks très clichés mais tellement efficaces, et Wydel, le sherif fan d’Elvis, est est très crédible grâce à la performance de William Forsythe. Quant à Matthew McGrory (à qui le film est dédié puisqu’il mourut quelques temps après), son physique de géant que l’on a aussi croisé dans le Big Fish de Tim Burton, lui assure une grande crédibilité dans le rôle du petit dernier de la famille, ironiquement nommé Tiny. Ken Foree (qui est un descendant du compositeur français Gustave Fauré !) et Michael Berryman (atteint du Syndrome de Christ-Siemens-Touraine), sans parler de Danny « Machete » Trejo remplissent parfaitement leur rôle, en bons vétérans du cinéma déviant qu’ils sont. La mise en scène est carrée, efficace en diable, presque « carpentienne », mais la photographie et l’ambiance donnent un côté baroque déglingué qui fait toute la renommée du travail, tant cinématographique que musical, de Zombie.
La musique tient un rôle primordial dans le film, la bande-son fortement sudiste comporte Lynyrd Skynyrd (dont l’immense Freebird qui sert de fond sonore à une scène finale qui file la chair de poule), le Allman Brothers Band et d’autres joyeusetés rock n’ roll. Et d’ailleurs, si on devait résumer le film en quelques mots, le terme rock n’ roll conviendrait à merveille. Car oui, ce film est cradingue, plein de poussière, de sang et d’autres sécrétions, mais il est aussi ultra fun, grâce notamment à des dialogues et des situations absolument excessives qui ne peuvent que provoquer un minimum de rire. Car oui, beaucoup de gens ont dit que le film serait insoutenable sans se second degré omniprésent, mais vu qu’il y est, inutile de se prendre la tête. On tient ici un film qui nous montre ce que le cinéma d’horreur nous a offert de meilleur dans les années 70-80. Dans ce sens, il devrait être projeté dans toutes les écoles de cinéma pour qu’enfin, les gens sachent ce qu’est un vrai film d’horreur, car il est bien plus intéressant que toute cette vague found-footage et autres torture-porn qui, elle, est vraiment insoutenable (et pas dans le bon sens du terme).
@ Sacha Lopez