Et si Scarlet Johansson n'était pas celle que l'on croyait?

Par Filou49 @blog_bazart
07 juin 2013

Je possède au moins un point commun avec Grégoire Delacourt, publicitaire de son état et également - et surtout- romancier et auteur du best seller phénomène du début de l'année 2012,  la Liste de mes envies : je considère, tout autant que lui, l'actrice américaine Scarlet Johansson comme un fantasme absolu, la seule actrice US du moment (peut-être avec Jennifer Lawrence dans un autre style) que je trouve divinemenent belle, et certainement  la seule capable de faire tomber tous les males en rut d'un simple battement de cil...

C'est pour cela que lorsqu'une lectrice /amie de Babelio l'autre jour m'a alerté sur le fait que le nouveau roman de Grégoire Delacourt, La première chose qu'on regarde,  qui, à l'époque venait juste de sortir, avait pour héroine principale Scarlet en personne, je n'ai pu que me pencher sérieusement dessus et aller à l'encontre de mes a priori à l'égard de l'auteur.

Réticences pas forcément fondées d'ailleurs vu que je n'ai lu aucun de ses deux romans, et notamment cette  fameuse liste de nos envies, que j'avais écarté d'un revers de la main, comme je le fais souvent lorsque des livres ont trop de succès, ayant tendance à les ranger tous dans le même sac que les Levy- Musso et autres auteurs aux ventes plus impressionnantes que leurs plumes...

Bref, j'ai donc profité de la première incursion de Delacourt avec le monde du cinéma  ( il faut savoir que La liste de mes envies va bientôt faire l'objet d'une adaptation sur grand écran) pour découvrir sa prose, et voir ce que ma divine Scarlet pouvait bien aller faire dans cet univers si français.

Puisque la première chose qu'on regarde ne se passe en effet non pas à Hollywood, mais en Picardie, où un jeune garagiste,(que l'auteur décrit comme " Ryan Gosling en mieux", ( en même temps, cela ne me semble pas bien difficile d'ailleurs, je le trouve pas terrible à la base, le Ryan, je sais, avec ce genre de provoc facile,  je vais me faire vilipender de partout), un certain Arthur Dreyfuss ( avec un s en trop par rapport au jeune romancier qu'on voit un peu partout) , en marcel et caleçon Schtroumpfs,  est en train de regarder un épisode des Soprano quand on frappe à sa porte.

  Et là, devinez qui va se retrouver en face de lui, je vous le donne en mille :


Bon allez, dévoilons dès à présent le pot aux roses, et spoilons un peu cette intrigue, qui, dans le livre, n'est dévoilée qu'à mi parcours:  si Arthur pense vraiment avoir à affaire à la splendide actrice de Match Point, en fait, il ne s'agira pas d'elle, mais de son sosie, une certaine Jeanine Foucamprez,  hotesse d'accueil au rayon charcuterie de son état et qui n'en peut plus de vivre dans l'ombre de la star américaine. 

Par cette intrigue, qui en vaut d'autres, l' 'auteur offre ici une  fable sur le poids des apparences  et  la recherche de sa propre identité... comment réussir à soi même quand tout le monde aimerait que l'on soit Scarlet Johansson, mais qu'on n'a juste le physique, et pas tout le reste....

Personnellement, j'ai toujours eu beaucoup de mal à plaindre les filles qui disaient souffrir de leurs physique : j'imagine que cela ne doit pas être évident d'avoir toujours des lourdauds à leurs trousses, et que le mecs ne voient pas forcément du delà de l'extérieur, mais franchement il y a d'autres souffrances plus terribles me semble t il, et ne serait ce que pour celles qui, à l'autre bout de la chaine, se font railler par leurs défauts physiques...

Mais malgré cette réticence que j'ai à la base sur le postulat du roman, celui ci   pose à brule pourpoint  une autre interrogation inhérente au sujet,  celle de savoir jusqu'à quel point le fait d'être prisonnier d'une image  qu'on ne maitrise pas peut- elle devenir une telle charge?

Le livre essaie de répondre à cette question tant bien que mal, tout en décrivant parrallèllement une belle histoire d'amour entre deux êtres bléssés (il faut savoir que le jeune Arthur a connu une enfance bien difficile avec la mort horrible de sa petite soeur à 2 ans et la folie de sa mère qui a suivi).Car Janine/ Scarlett va tomber sous le charme d'Arthur juste parce que, pour la première fois de son existence, il la regarde et la trouve belle, non pas pour son physique affriolant, mais simplement pour ce qu'elle est à l'intérieur, la fameuse beauté intérieure dont on parle si souvent.

Bref, le livre traite de ces deux sujets, et il s'avère être, à mon sens, plus convaincant dans l'histoire d'amour que dans le versant réflexion sur les apparences,  un volet qui  reste hélas  un peu trop à la surface pour me convaincre vu mes a prioris sur ce sujet.

Alors, certes, Grégoire Delacourt n'a pas toujours une écriture légère et on pourrait se passer de pas mal de maladresses stylistiques.

Il n'empeche que son histoire d'amour entre ces deux êtres à la dérive possède un coté sensible et touchant, entre humour et gravité, qui m'a happé, surtout dans sa seconde partie. Et puis c'est sur, un roman avec un peu de Scarlet dedans, même en fake, ne saurait être totalement mauvais!!!

Edit : le même jour que paraissait mon billet, j'apprenais que Scarlet Johansson ( la vraie) assignait en justice les éditions Lattès et l'auteur du livre car le livre comporte plusieurs fois son nom, sans lui avoir demandé son accord...Pas terrible, ça, Scarlet quand même!!!