Un flic spécial pour sujets "sensibles"
Le mot de l'éditeur
Le directeur général d'une banque lyonnaise est retrouvé abattu dans son bureau, place Bellecour, trois balles au niveau du plexus dessinant un triangle parfait.
L'enquête s'annonçant immédiatement comme « sensible » est alors confiée au commissaire Garon ; initiée à Lyon, elle le conduira bien loin de nos frontières, jusqu'à Hong Kong et Macao. Meurtre sur contrat, chantage, trafics ignobles.
Rien ne sera épargné au commissaire Garon qui découvrira progressivement la face noire de personnages pourtant au-dessus de tout soupçon.
Le commissaire divisionnaire Garon dirige la brigade des affaires générales de Lyon, brigade un peu particulière chargée des dossiers mettant en cause des personnalités en vue. Suivez-le pataugeant dans la fange peu ragoûtante des affaires dites « spéciales » et plongeant dans les marigots souvent inavouables de la politique et de la finance.
Critique
Un roman policier classique qui présente des qualités mais, malheureusement pour lui (et surtout pour nous), un gros défaut.
Au chapitre des qualités, il y a tout d'abord ce personnage de flic pétri de contradictions, Garon: un policier sur le mauvais versant de la cinquantaine, à la fois très humain, jouisseur mais aussi sans grands scrupules et peu amène envers sa hiérarchie: on ne peut que ressentir une grande empathie pour cet anti-héros schizophrène. Ce personnage m'a plu.
Seconde qualité (c'est ce qui m'a le plus séduit et la vraie raison pour laquelle j'ai eu envie de le mettre en avant), le style. En voilà un au moins qui n'y va pas de main morte avec le "politiquement correct" qui nous lasse (pour rester polis) depuis des années. Là, ça déménage que c'en est du bonheur (ça rappellerait presque Céline par moments et ça vaut Zemour), mais l'auteur sait aussi revenir aux choses simples de l'enfance, le style se faisant alors nostalgique mais limpide et très fluide (et là, il rappelle Simenon, mais évidemment sans l'égaler). Troisième qualité, l'auteur connait visiblemernt bien les villes dans lesquelles il nous balade, Lyon, Hong-Kong et Macao, et affiche un grand souci du détail sans être rasant.
Passons maintenant au défaut: l'intrigue.
Un, c'est long à se mettre en place (je me suis franchement ennuyé pendant le premier tiers).
Deux, c'est très prévisible (réfléchissez au titre et vous aurez l'histoire).
Trois, à quoi rime d'écrire sur un sujet scabreux et de refuser de l'aborder franchement ??? Quand on tient un sujet comme ça, on n'esquive pas, on va au bout, on prend des risques ! Or l'auteur se contente d'évoquer le problème de loin, par très petites touches. Résultat, on reste à côté, parce que lui reste à l'écart.
En finale, un livre à l'écriture fluide qui est loin d'être désagréable, qui réserve même de très bons moments d'humour grinçant, mais dont l'intrigue est éventée, les péripéties réduites et dont la moelle n'est pas extraite du corps.