Volte-Face, écrit par Michael Connelly.520 pages, chez Le Livre de Poche.
Résumé : Incarcéré depuis vingt-quatre ans pour le meurtre d'une fillette et relâché à la suite d'un test ADN qui semble l'innocenter, Jason Jessup a obtenu la révision de son procès. A la demande du procureur du comté de Los Angeles, Mickey Haller, avocat de la défense, passe puor une fois dans le camp de l'accusation. A ses côtés, son ex-épouse, Maggie " la féroce", et son demi-frère, Harry Bosch. Le trio doit réunir les preuves et les témoignages susceptibles de confirmer la culpabilité de Jessup et de le renvoyer en prison pour longtemps.
Après Blondie et la mort que j'avais eut du mal à lire rapidement, j'ai décidé de me lancer dans une valeur sure avec la certitude que je dévorerais le prochain livre avec un peu plus de rapidité. Cela n'a pas manqué et pour cause, j'ai choisit le dernier Connelly (en tout cas le dernier en poche!). Volte-Face réunit en plus les deux personnages phares de l'auteur avec l'inégalable Harry Bosch et son avocat de demi-frère, Michael Haller.
Maintenant la lecture achevée, je me rend compte que Volte-Face fait partie de ces livres dont il faut avoir lu les précédents de l'auteur pour bien avoir toutes les cartes en main. Car il y a beaucoup de choses qui, même si bien expliquées dans le livre, peuvent manquer au lecteur pour bien saisir la complexité de certaines situations. Je pense par exemple à la présence de la fille de Bosch à ses côtés depuis la fin des Neuf Dragons ou la relation entre Harry et Michael via leur parenté un peu surprenante. En tout cas, en tant que lecteur assidu de Connelly, je me régale à voir tout ça évoluer de livre en livre, mais je ne serais pas étonné qu'un lecteur moins acharné puisse manquer quelques éléments. Je ne doute cependant pas que le livre en lui même reste vraiment bon sans être au courant de tout.
Ce qui m'a étonné avec ce livre, c'est le changement total de narration comparé à ce qu'on pouvait avoir dans les livres précédents, principalement les deux derniers, l’Épouvantail et Les Neuf Dragons. Dans le premier l'histoire était découpée en gros actes distincts où tout un panel de personnages évoluaient, passant d'un lieu à un autre totalement différent. Dans le second, c'était deux gros actes qui divisaient le livre, comme deux histoires étroitement liées mais à la fois bien distinctes. La chronologie de l'intrigue s’étalait sur quelques jours à peine, une sorte de course effrénée qui laissa Bosch dévasté. Dans Volte-Face, c'est une narration tout autre que Connelly utilise. Ici, on alterne un chapitre sur deux entre le point de vue de Haller, à la première personne, et celui de Bosch, à la troisième personne. De plus, on a droit à de grosses ellipses temporelles nous permettant d'assister à un procès qui s'étale sur plusieurs semaines. Du coup, chaque nouveau livre de Connelly est un plaisir car on ne sait jamais vraiment sur quoi on va tomber. Cela lui permet à lui de toujours travailler quelque chose de nouveau et de nous offrir des narrations toujours originales. J'ai pris beaucoup de plaisir à livre Volte-Face, car une fois qu'on à compris la dynamique de l'histoire, on ne peut pas s'empêcher de vouloir tourner les pages pour retrouver le personnage qu'on a quitté au chapitre précédent. Et comme Bosch et Haller sont tous les deux passionnants, on se retrouve à ne plus pouvoir s'arrêter.
J'aime beaucoup le système juridique américain que je trouve passionnant. Contrairement à ce que l'on a en France, les américains ont réussit, via la télévision principalement, à faire découvrir comment fonctionne leur justice, et c'est vraiment génial. Car on est désormais habitués à pas mal de choses et quand on lit une histoire comme Volte-Face, on se retrouve en terrain connu. Mais Connelly parvient à rendre quelque chose de connu en quelque chose d'un tant soit peu original avec le fait de faire basculer Haller de la défense à l'accusation. Cela permet de bousculer un peu le personnage et donc le lecteur. La dynamique change également lorsque Maggie, qui se plaçait un peu en tant qu'adversaire jusqu'à présent dans les livres sur Haller, devient une alliée. La donne change et une étrange petite famille se construit.
Il était évident que Connelly allait devoir explorer d'avantage la relation entre Bosch et Haller, et c'est chose faite avec Volte-Face. J'ai trouvé intéressant que malgré leur parenté, ils ne sont pas vraiment du même acabit et voient les choses d'un œil différent. La seule chose qui les réunit, c'est leurs filles. L'un comme l'autre ont une fille pour laquelle ils seraient prêts à tout. Et cette affaire de meurtre de fillette a tout pour les réunir. La rencontre entre Halley et Maddie est sympathique. Avec Volte-Face, Connelly parvient à donner une famille à Bosch, en plus de sa fille, et après les épreuves qu'ils ont traversé l'un comme l'autre, ce n'est pas négligeable. Je suis du coup curieux de l'importance qu'aura ce lien dans la suite des enquêtes de Bosch.
J'ai adoré le livre. J'ai retrouvé ce que j'aime chez l'auteur et dans ses histoires. Les personnages sont géniaux et évoluent bien de livre en livre, ce qui fait qu'on ne se lasse jamais de les lire. J'ai cependant été énormément étonné de la fin ouverte. J'ignore si c'est simplement l'occasion de donner à Bosch une détermination morale et de laisser l'histoire se terminer "hors-écran", ou si c'est réellement une porte ouverte pour le prochain livre. En tout cas, cela m'a agréablement surpris, et une fois de plus Connelly montre qu'il ne veut pas être prévisible et aime changer de formule à chaque livre.